Il aura fallu dix ans à Michael Finkel, journaliste américain, pour reconstituer l’histoire de Stéphane Breitwieser, gentleman cambrioleur d’origines alsaciennes. Au fil des rencontres, des témoignages, des visionnages de vidéos, des lectures de rapports psychiatriques, articles de presses et autres livres, il parvient à dessiner le parcours de ce voleur exceptionnel qui, durant sept ans, a dérobé pas loin de 250 œuvres d’art couteau suisse en main et grand manteau sur le dos.
Figure d’exception dans le monde du vol d’œuvres d’art, Breitwieser est un passionné et un collectionneur. Il ne cherche nullement à s’enrichir, ce qu’il veut c’est vivre parmi ces tableaux et autres objets pour profiter de leur beauté esthétique. Il préfère d’ailleurs qu’on dise de lui qu’il est un « libérateur d’art ». Il faut bien avouer que son audace et sa maitrise de lui sont des atouts incroyables qui le rendent fascinant dans sa capacité à dérober des trésors au cours de ses visites, au nez des agents de sécurité et parfois des visiteurs, sans jamais aucune violence.
A l’image d’Arsène Lupin, le personnage séduit et amuse par sa manière de profiter du manque de sécurité des petits musées pour s’approprier ses « coup de cœur » sans se faire prendre. Mais derrière ce voleur talentueux, Finkel dresse aussi le portrait d’un jeune homme complètement déconnecté de la réalité, en marge de la société, un homme fragilisé par le divorce difficile de ses parents et le déclassement social qui en a suivi. On sent la vulnérabilité derrière la confiance acquise par ses larcins.
Avec son ton léger emprunt d’humour, l’auteur parvient à rendre le personnage attachant malgré ses actes répréhensibles. Aussi, quand la chance tourne et que Breitwieser se fait prendre la main dans le sac, on en serait presque déçus. Lu comme un roman, Le Voleur d’Art m’a vraiment fait passer un très bon moment et j’ai pris un plaisir fou à suivre les aventures rocambolesques de ce pillard original.