Il y en a quelques-uns, des romans dits initiatiques, qui nous emportent dans une lecture intime, où l’on devient presque le personnage principal. Parce que l’écho du personnage en nous est réel, on se sent aussi perdu que lui, à souffrir, douter, espérer, abandonner. On s’en veut et on a la rage. Il y a les fils qui nous retiennent et ceux qu’on ne sait pas comment attraper. Il y a ces bouffées de désir, ces impulsions qu’on regrette, ou pas. Le livre est long, piétine, ressasse, souvent désespérant. L’irréparable peut arriver, mais aussi des contraintes ou des choix peuvent recréer un cadre constructif. Très largement autobiographique et revendiqué comme tel, ce roman cru sonne sincère et plein d’humanité.
Alex est un adolescent abîmé, abandonné par sa mère et livré à lui-même dans son quotidien. Il vole des voitures, mate les filles, lâche l’école, apparemment incapable d’effort et de continuité, préférant la solitude erratique à la compagnie de ses pairs. Alex est mal guidé mais aimé par son père, il le sait, il le sent, et le rend à sa façon. On a envie de croire que c’est aussi cette fidélité-là qui lui donne le courage de grandir et chercher son indépendance. On cherche en tant que lecteur qu’est-ce qui fait déclencheur pour passer un cap, et comment, avec le même passif on réagirait… C’est ce vertige du lecteur qui dit la qualité du roman initiatique.