Isaac Asimov se voit donc confié la novélisation du film de Richard Fleischer. Un choix qui ne tient assez peu du hasard, l'écrivain ayant un doctorat en biochimie. Quoi de mieux qu’un vrai scientifique pour décrire en détail les processus se déroulant à l'intérieur du corps humain. À ce niveau-là, l'auteur se fait plaisir et vient offrir quelques paragraphes bien placés par l'intermédiaire des deux docteurs présents pour l'expédition. Mais pas que.
Asimov va aussi se servir de ses connaissances pour crédibiliser au maximum l’histoire et lui donner un cachet un peu plus réaliste, même si la miniaturisation nous rappelle constamment qu'on est dans le domaine de la science-fiction. Mais l'auteur vient rajouter un meilleure base scientifique à l'ensemble, notamment sur le final, changé, et pour le coup est bien moins expéditif que dans le métrage.
L'écrivain est minutieux sur toutes les descriptions qu'il fait, chaque détail soulevé a du sens. Il est aussi précis dans ses chapitres que les titres de ceux-ci sont laconiques, se contentant d"un mot accompagné de son pronom. Il suit grandement le scénario imposé par le film, reprenant le personnage ingénu en biologie permettant au lecteur paumé dans le domaine de mieux s'identifier à celui-ci. Le format roman permet de s'attarder bien plus sur chaque personnage, de leur donner un peu de consistance. Ainsi, le traitre se voit doté d'un véritable motif à ses actions, là ou le film se contentait de suppositions fortement orientées par la situation d'époque (Guerre Froide, tout ça).
Asimov va aussi développé une début d'histoire entre l'assistante et son héros, ce qu'on nous épargnait dans le métrage, et qui vient ici nous gratifier de blagues un peu lourdes du prétendant à la belle.
Malheureusement, et c’est le véritable soucis de ce roman, l'auteur est bridé. Contraint de suivre un trame imposé par ceux qui l'ont écrite, Isaac Asimov ne se permettra que peu d’écarts, uniquement par soucis de crédibilité, remontant le niveau à peine moyen du métrage. Et l'on sent bien que l’écrivain avait envie d'aller plus loin dans les changements, apportant des idées aussi simples qu'efficaces, qu'on se demande bien pourquoi les scénaristes n'y ont même pas pensés, cf les cotons tiges dans l'oreille pour le passage délicat en mode silencieux. Doit y avoir une dizaine de médecins dans la salle d'opération et pas un seul d'entre eux n'y pense. On peut être inquiet pour le patient !
Au final, ça se laisse lire, on retrouve bien la patte de l'auteur et l'histoire gagne en crédibilité. Reste à voir ce que va donner la suite, qui elle ne sera pas prisonnière d'une précédente écriture, permettant ainsi à l'écrivain d'y aller franco sans se soucier de devoir coller à une quelconque version originale.