Vertigineux questionnements...
Barjavel possède une acuité imaginative peu courante pour un écrivain de son époque. Il se livre dans ce roman au périlleux exercice du paradoxe temporel. Il y parvient de façon nuancée.
La course contre la montre débute par l'immersion réussie dans le second conflit mondial. La vie du soldat est rude et l'ouverture inattendue proposée à un professeur de mathématique sur le seuil du temps emporte le lecteur. L'excitation face aux possibilités qu'offre l'incroyable découverte fascine tout d'abord le lecteur.Cette première partie de l'ouvrage s'avère réussie.
Las ! L'exploration d'un futur trop éloigné et fort étrange perd progressivement l'intérêt du lecteur pour le sujet dont on s'éloigne d'ailleurs un peu. Une phrase au milieu de ce passage (à lire au second degré ?) laisse imaginer un soupçon de misogynie chez l'auteur : "Déjà, de notre temps, la tête était bien la partie de leur corps dont les femmes avaient le moins besoin pour vivre !". Il faudra sans doute la replacer dans le contexte de l'époque.
C'est alors qu'un accident malheureux préfigure les questions qui vont venir harceler l'imagination de notre mathématicien. On entre alors dans la phase finale, jubilatoire, de l'ouvrage. Les paradoxes temporels se multiplient pour le plus grand ravissement intellectuel du lecteur. Les quelques paragraphes qui précèdent le mot "FIN" sont magniquement construits, génèrent une émotion folle, bouleversent littéralement le coeur et l'esprit.
Le post-scriptum mettra alors au supplice la raison du lecteur dans une conclusion qui m'est toujours restée dans un coin de la tête depuis la première lecture de ce livre il y a 25 ans.
Au final, un thème excellent fort bien traité. Dommage que la partie centrale de l'ouvrage soit si ennuyeuse.