C'est un livre à la fois naïf et cruel qui constitue la première approche des paradoxes temporels. Le précurseur, « The Time Machine » de Wells, ne décrivait qu'un aller-retour entre deux époques éloignées. Simple et efficace, ce court roman valait pour son dépaysement littéraire mais ne s'encombrait d'aucune réflexion sur la nature même du bouleversement temporel. « Le Voyageur imprudent » est un véritable feu d'artifice de ce côté là. Comme une fête dans votre tête où tout le monde est invité.
On doit donc reconnaitre à Barjavel un certain génie pour la création, ou du moins la définition de formules qui seront par la suite sucées jusqu'à la moelle dans des milliers d'histoires de science-fiction. La rencontre avec soi-même, le souvenir d'une partie de sa vie qu'on n'a pas vraiment vécue, la recréation du présent, l'a-temporalité... C'est traité sous un angle candide, tenant presque plus du conte que de la science-fiction (« J'ai crée une substance pour voyager dans le temps ! » « Incroyable ! Et c'est fait avec quoi ? » « Hum ! cgnnrotjdu » « Pardon ? je n'ai pas compris... ») et pourtant avec un soin du détail et une imagination vraiment impressionnante. Peu importe qu'il y ait plusieurs petites (parfois moins petites) erreurs de logique. Les récits modernes jouant avec le temps font les mêmes, parfois pire. Ici, tout est au service de l'histoire, de l'émotion, de la poésie.
Malgré quelques petits archaismes très « années 40 en France », le style reste fluide, parfois réellement beau... jusque dans ses brefs accès de cruauté ou de malaise (passages gore à l'appui, hé oui !) auxquels on ne s'attend pas vraiment...jusqu'à ce qu'ils nous sautent à la gorge pour nous déchiqueter la carotide dans un ruissellement de sang ichoreux. Ou à peu près.
Après tout un tas d'aventures souvent fascinantes, parfois très... bizarres (le voyage dans le futur lointain, digne d'un délire de Dali en phase terminale... pas très agréable à lire donc mais assez intéressant), la cerise sur le gâteau, l'indispensable élément accessoire qui pose toute la métaphysique du roman et la question de la condition humaine, c'est l'apparition du célèbre paradoxe du grand-père... dont Barjavel proposait déjà, sans l'air d'y toucher, un début de résolution du côté de la physique quantique.
Un visionnaire on vous ditid suov no eriannoisiv nU
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