C'est l'histoire de Jacques Lusseyran, un jeune garçon brillant qui devient aveugle à l'âge de 8 ans et qui aura pour force de ne jamais considérer sa cécité comme un handicap. On admire donc chez lui cette puissante force de vie qui le poussera à s'engager dans la résistance, qui lui permettra de survivre à la déportation et d'aller enseigner jusqu'aux Etats-Unis.
L'auteur retrace donc ici la vie de son sujet dans un style élégant et souvent agréable mais il demeure quelque chose d'étrange : on comprend pourquoi il faut admirer le personnage principal de cette œuvre, on comprend moins la nécessité de ce biopic si ce personnage est lui-même un écrivain (il est d'ailleurs abondamment cité dans le roman). J. Garcin nous permet de découvrir Lusseyran, il retrace sa vie avec brio, il nous explique rapidement que la trajectoire (surtout la fin) de ce personnage fait écho à celle de son propre père, mais qu'ajoute-t-il de décisif à l’œuvre qu'est déjà la vie de son personnage ? A moins qu'il y ait une volonté de s'effacer derrière son sujet pour le laisser briller suffisamment pour qu'on s'en souvienne, on ne comprend pas où est la place de l'auteur dans ce texte et ce qu'il veut dire de son personnage. Certes les aveugles sont les plus clairvoyants, certes on ne comprend pas pourquoi un homme formé à la philosophie tomberait entre les mains d'un gourou, mais ces questions sont posées et un peu rapidement évacuées.
Il reste que ce livre est un très beau portrait, nuancé et précis, qui nous donne à voir la vie d'un homme dans toute sa complexité avec ce sentiment de pouvoir le placer dans notre panthéon personnel, comme un de nos modèles fabuleux et quelque peu légendaire...