Peu d’entre nous connaissent Jacques Lusseyran. A moins d’être féru d’histoire, difficile de dire qui était cet homme de lettres, né en 1924, résistant dès son plus jeune âge, dénoncé, arrêté puis déporté à Buchenwald. Un enfer dont il ressortira miraculeusement vivant en 1944.
C’est donc par la grâce de ce nouveau livre du talentueux Jérôme Garcin que l’on va découvrir la vie incroyablement romanesque de ce surdoué de la vie qui avait, précisons-le, la particularisé d’être aveugle.
Jacques Lusseyran a perdu la vue à l’âge de huit ans, à la suite à un accident dans une cour d’école. Plutôt que de devenir un handicap pour lui, cette cécité lui a permis de voir la vie et le monde qui l’entoure différeraient. Garçon doué et précoce, on l’a dit, Lusseyran réussit brillamment ses études et devient membre très actif d’un réseau d’étudiants résistants. Après avoir survécu aux camps et à la guerre, il décide partir enseigner aux États-Unis où sa vie se poursuivra dans un certain tumulte comme s’il fallait toujours que rien ne soit simple pour cet homme déjà privé du bien vital le plus important la vue.
Plutôt que de construire une biographie exhaustive et définitive de Jacques Lusseyran, Jérôme Garcin préfère dresser un portrait par bribes, mais qui rassemble tout les moments importants de l’existence de cet homme à l’existence romanesque qui mourra en 1971 dans un banal accident de voiture. Il offre un hommage posthume et touchant à cet homme mort trop tôt, comme avant lui, le père et le frère de Jérôme Garcin, qu’il a évoqués dans ses précédents livres Cavalier seul et Olivier.
Porté par une écriture fine et élégante qui rend sa lecture particulièrement agréable, Le voyant est un livre fort recommandable. A retrouver sur Hop Blog