... plus on lit.
Je pensais la SF et la fantasy moribondes, vivotant sous la plume lasse de quelques écrivains vieillissant, qui brillaient au loin tels des étoiles mourantes, lançant leurs derniers feux avant de s'éteindre et de nous laisser nous enfoncer dans les ténèbres.
Fou que j'étais.
On peut trouver aujourd'hui des écrivains, pas si vieux que ça, qui ont des idées à revendre, yeah baby.
Et Sanderson c'est un peu le dessus du panier.
Comment vous situer le bonhomme ?
Vous voyez Robert Jordan, le gars qui a écrit la roue du temps ? C'est une série tellement mahousse que j'ai pas encore pris le temps de la lire en entier (oui je sais ça craint) malgré tout le respect que je porte à ce cycle. Et ben Sanderson ne l'a pas seulement lue cette série, mais il l'a... terminée. Le pauvre Robert Jordan est mort avant d'avoir pu achever son oeuvre, et Brandon Sanderson a été choisi pour la terminer, sur la base des notes laissées par Jordan. Il a commencé à bosser, et a dit qu'il pouvait le faire en 200 000 mots. Puis il a continué, et le bouquin est sorti en trois tomes et 800 000 mots. Ce type est un monstre, je n'ose même pas imaginer comment il a pu réaliser ce truc, c'est complètement dingue quand on y réfléchit.
Donc, maintenant que vous situez Sanderson, parlons un peu de Legion.
J'ai lu ici et là, notamment sur SC, que ce texte était trop court. Mouais. Trop court.
Sanderson l'a écrit dans l'avion entre les USA et la France. Le vol retour. 8 heures grosso merdo quoi.
Moi dans l'avion entre les USA et la France je me gave de chips, de coca, et je matte des vieux épisodes de top gear sur ipad.
Sanderson, lui, il écrit une des nouvelles les plus intelligentes que j'ai lues depuis ces dix dernières années...
Attendez. Je viens d'avoir une drôle de prise de conscience là, tout à coup.
Mais avant d'aller me pendre, je vais terminer cette critique.
Legion est donc une histoire qui parle surtout d'un seul personnage, Stephen Leeds. Ce monsieur a une vie intérieure très riche. Il a des hallucinations. Pas des éléphants roses ou des lapins blancs non, des personnes comme toi et moi (enfin je te connais pas lecteur, mais peut être te reconnaitras-tu parmi les hallucinations de Leeds ?). Leeds sait que ce sont des hallucinations, les hallucinations aussi, et elles l'acceptent pour la plupart. Il y a même une hallucination qui a également sa propre hallucination. Et Leeds la tient pour mentalement dérangée. Crazy non ?
Déjà là je sais pas pour toi, lecteur, mais moi je suis fan de l'idée de départ. Et là Sanderson devient virtuose. Il nous plonge en quelques pages dans un tourbillon de dialogues et d'action qui remplit parfaitement son objectif : nous laisser pantelant au bout du livre avec une seule envie, la suite !
Et là lecteur tu vas être content, car une suite existe. C'est pas traduit dans la langue de Houellebecq, mais ça se lit très bien, même pour moi qui lit très peu dans la langue de Pratchett. Et ça s'appelle "Legion skin deep", ouais mec.
Bon c'est très bien comme bouquin mais je vais pas faire de critique sur ce nouvel opus, car pour moi il n'est pas du même tonneau que le premier Legion.
Je pense que c'est le problème des gars qui écrivent trop comme Sanderson ; de temps en temps, la qualité s'en ressent. Moi par exemple, qui écrit très peu, j'ai pas ce genre de problème, tu vois. Bon, nouvelle prise de conscience douloureuse, cette fois je vais me pendre, bisous.
PS : c'est la corde au cou, en équilibre sur un tabouret, pour mettre fin à cette existence qui pâlit devant le génie de Sanderson, que je réussis à dicter la fin de cette critique, et c'est pas facile tu peux me croire. Enfin c'est juste pour dire que si tu lis Legion (écrit en 2011 je te rappelle) et que tu regardes Sense8, cher lecteur, et bien tu vas peut être te dire que les Wachowski sont quand même de sacrés cop... oh merde je glisse !