Leo
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Leo

livre de Deon Meyer (2023)

Se renouveler tout en restant dans un certain classicisme : à l'instar des meilleurs auteurs de polar, Deon Meyer connaît la recette depuis longtemps et ce savoir-faire lui garantit un lectorat fidèle. Dans Leo, l'on retrouve sans surprise son duo de flics, Gressel et Cupido, un rien déclassés mais toujours efficaces pour mener les enquêtes les plus complexes, mais l'on découvre aussi une belle brochette de personnages pas si secondaires que cela, des baroudeurs sans peur mais pas sans reproche et fermement décidés à tenter le braquage du siècle, d'autant que l'or convoité n'est pas des plus propres. Comme souvent chez l'auteur, une double intrigue se déploie et l'une d'elle nous donne d'ailleurs de l'avance sur l'enquête de Gressel et Cupido, ce qui est évidemment l'un des plaisirs de ce roman policier : voir comment nos héros vont parvenir à leurs fins, après moult fausses pistes et le découragement qui va avec. Côté rythme, Meyer y va crescendo, avec sa maîtrise habituelle, se servant de chapitres très courts et haletants, sur la fin, agencés à la minute près. Le côté humain, dans cette course contre la montre, n'est pas oublié : avec ses policiers, dont l'un va convoler, et avec ses malfrats, dont la femme dans la bande est particulièrement attachante, avec son amour de la nature et son désespoir de la voir de plus en plus saccagée. Et comme toujours, avec Meyer, le livre est un portrait sans fard d'une Afrique du Sud livrée à ses démons : ceux d'hier en héritage, l'apartheid, ceux d'aujourd'hui, qui ne sont pas près de disparaître, la corruption. Dans Leo, il est largement question de la "captation d'État", ce pillage éhonté et systématique réalisé sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), en lien avec la famille Gupta, d'origine indienne. Autant de tristes sires, toujours vivants, qui sont les ombres maléfiques d'un roman qui témoigne de l'état de la précarité d'un pays qui n'entrevoit toujours pas la lumière, au bout d'un tunnel qui semble ne jamais pouvoir finir.

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le 27 déc. 2024

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