Avec la création d’un univers aussi puissant, brossé en quelques phrases ciselées seulement, des personnages aussi impressionnants que plein de promesses, un pitch captivant, un mystère savamment instauré et finement entretenu jusqu’au bout, le tout souligné par une écriture aussi folle que précise, installant une atmosphère poisseuse, glauque autant que séduisante, nous étions en droit d’imaginer et d’attendre de ces agents de Dreamland, un petit quelque chose de plus qui l’aurait propulsé plus haut, plus loin.


Mais il n’est que ça. Cet enchevêtrement magnifique, cette démonstration folle et étrange de chaque instant, de la virtuosité de l’autrice, d’un talent unique dans un genre sous représenté. Il n’est qu’une nouvelle glaçante par son ambiance mais trop touffue pour son propre bien.


D’une certaine façon, les agents de Dreamland est un soufflé. Le Signaleur, Immacolada Sexton sont des ingrédients. Le ranch, la secte, les bestioles, le complot, Pluton, les époques, la sonde, le discours distordu, découpé, haché, bouleversé et mélangé, les références obscures, les thèmes variés et techniques, en sont d’autres, des liants, des épices succulentes mais pas forcément bienvenues dans cette recette bancale. Le soufflet n’a pas reposé suffisamment. Pour une des rares fois dans la collection Une heure lumière, il aura manqué de temps au roman. L’histoire ne tient pas dans ces 120 pages. Elle se contient, se boursoufle, écrasée dans ce compartiment trop petit pour elle. Elle en veut plus, exige plus. De temps, d’espace, pour se délier, vivre et s’envoler.


L’histoire du Signaleur alcoolo et du reste, comme le soufflet, retombe trop vite. Et la pirouette de l’absence de réponse dans les dernières pages ne donne pas assez de réponses, laisse trop de sujets en suspens pour que le récit se tienne et que nous, lecteurs, en sortions aussi charmés que marqués. Le tout manque de cohérence. Comme s’il manquait de beurre ou de sucre, l’édifice ne résiste pas au temps (c’est un comble) et laisse un goût d’inachevé dans la bouche.

hillson
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le 24 sept. 2020

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