- Le monde se couvre d'un long manteau opaque éclairé d'une lumière noire et peuplé de fantômes. Le malheur flotte dans les airs et le désespoir dévore les coeurs.
L'air chargé de souffre et le glas des canons du front arrivent jusqu'au village voisin, juste derrière la colline à quelques kilomètres. Des soldats y sont évacués, corps et âmes déchiquetés. Les rivières y charrient des torrents de boue et de sang.
De la tristesse à l'abattement puis du désespoir à la folie, il semble s'y perdre une à une les âmes de ses habitants. Les jeux des places du village ont disparus et les rires se sont tus, laissant la place à un monde sans rêve. Un monde sans enfants.
La seule enfant du récit, Belle de jour, a été assasinée. Le narrateur est le policier du village qui naguère fut chargé de l'enquête. Sa tentative de démêlé tous les noeuds de "l'affaire" n'est en fait qu'un prétexte pour nous raconter l'histoire de son village et de ses habitants. Son histoire à lui. Un récit d'une désespérance totale où le poids des secrets mutile autant que les obus. Trop d'horreurs, trop de drames, tous semblent avoir renoncé à vivre.
Un roman très sombre mais vraiment captivant de bout en bout, servit par une écriture lumineuse et surtout - et c'est ce qui m'a le plus fortement marqué- le regard très humain que l'auteur pose sur ses personnages.
"Fouiller l'Affaire comme je l'ai fait, c'était sans doute une façon de ne pas me poser la vraie question, celle qu'on refuse tous de voir venir sur nos lèvres, dans nos cerveaux, dans nos âmes, qui ne sont, il est vrai, ni blanches ni noires, mais grises, joliment grises..."
Un vrai coup de coeur pour ce début de vacances que je dois à Kalimera qui m'a conseillé ce fort beau livre.