Louis I, roi des Faucheurs
Dans ce roman, John Connolly oublie quelque peu son personnage fétiche Charlie Parker, et s'intéresse de plus près à Louis. L'écrivain irlandais revisite l'adolescence de ce tueur à gages dans une Amérique raciste, et s'intéresse tout particulièrement à la relation qu'il a nouée dès l'âge de 15 ans avec son mentor Gabriel. Connolly nous présente Louis comme quelqu'un de distant, méticuleux, et habité par une rage intérieure qu'il a héritée de son père. L'empathie, les remords, la compassion, Louis ne connaît pas, et pour lui, tuer constitue un exutoire indispensable pour évacuer ses pulsions sanguinaires.
Contrairement à ses autres romans où il incarne Charlie Parker à la première personne, l'auteur a choisi de raconter son histoire à la troisième personne. Par conséquent, le détective tourmenté n'est ici qu'un personnage secondaire vu à travers les yeux des autres personnages, et grâce à cette subtilité de style, on redécouvre "Bird" sous un autre jour. Sa relation avec Louis et Angel apparaît ainsi moins amicale et plus complexe qu'on ne l'imaginait, Louis ayant toujours un peu de mal à cerner la personnalité du détective.
Le roman alterne scènes du passé et du présent, et la trame principale peut se résumer à une vague histoire de vengeance guère palpitante. Dans un sens, elle ne sert qu'à mettre en exergue la vie affective, sociale et professionnelle de Louis. La dynamique de son couple devient ainsi plus claire, et sans jamais rentrer dans le pathos, Connolly parvient à montrer la sincérité de l'amour qui lie Angel et Louis : l'ancien cambrioleur débraillé a réussi à rendre le tueur black plus humain, et bien que fondamentalement différents, tous deux se complètent à merveille.
Malheureusement, l'auteur ne peut s'empêcher d'apporter une énième touche de surnaturel à son roman, et encore une fois, il ne s'agit que d'un gimmick dont on cherche l'utilité une fois le livre refermé. Connolly a également la fâcheuse tendance à abuser des descriptions à rallonge, et à nous présenter des personnages sous toutes les coutures, pour finalement les faire mourir en un clin d'œil. Ca serait du remplissage que ça ne m'étonnerait pas, et plus globalement, j'ai trouvé que la seconde moitié du livre traînait en longueur. L'écrivain irlandais est capable de mieux que ça, et il nous l'a prouvé par le passé. Malgré tout, cette septième aventure de la saga Parker constitue un bon divertissement, pas forcément inoubliable, mais facile à lire et relativement bien rythmé.