Tsukiko, célibataire trentenaire tokyoïte, travaille beaucoup et aime lever le coude le soir dans des bars à saké, seule ou accompagnée. Un étrange rituel va se mettre petit à petit en place lorsqu'au cours d'une soirée comme les autres, elle rencontre son ancien professeur de japonais au lycée.
J'avoue ressentir un sentiment ambivalent concernant ce roman. Je l'ai aimé et il m'a déplu pour exactement la même raison : il est parfaitement japonais, presque davantage que ceux déjà lus (notamment ceux de Ito Ogawa). J'ai ressenti un dépaysement éminemment suave mais aussi reçu le gap culturel de plein fouet. Tout est japonais et si peu occidental chez Tsukiko et Matsumoto : les non-dits, la pudeur, la délicatesse, l'apparente absence d'affect mais aussi la maladresse, la brusquerie, l'excentricité ...
Est-ce à cause de cela que j'ai ressenti assez peu d'empathie pour leur couple ? J'ai tout de même observé leur rapprochement avec intérêt au travers des tranches de vie que Hiromi Kawakami nous propose : la fête des cerisiers en fleurs, la randonnée aux champignons ou les soirées silencieuses à ingurgiter du saké par flacons et avaler des mets aux ingrédients exotiques. Les répères sont certes bousculés mais les sens sont convoqués. Toujours avec poésie et émotion contenue.
Il m'a été difficile de croire à leur histoire mais n'est-ce pas un peu le sujet du roman ? Qu'est-ce qui fait qu'une rencontre débouche ou non sur une histoire d'amour ? Du domaine de l'insaisissable, ça dépend de si peu de choses.