Avec ce cinquième tome, Ken Follett annonce clore la phénoménale saga historique qui, depuis Les piliers de la terre, son plus grand succès littéraire, fait vivre à travers les siècles la ville fictive de Kingsbridge, dans le Sud de l’Angleterre. Sa fresque prend cette fois pour toile de fond deux révolutions, la révolution industrielle et la Révolution française, de 1792 à la bataille de Waterloo en 1815.
En cette fin de XVIIIe siècle, un puissant vent de changement souffle sur la ville anglaise de Kingsbridge. Tandis que la mécanisation bouleverse la vie des ouvriers du textile en les rassemblant dans des fabriques où se généralisent des conditions de travail dramatiques, la Révolution française, avec ce qu’elle propage d’idées de liberté et de droits à la parole du peuple, fait trembler le gouvernement britannique qui, par peur de la contagion, multiplie les actions répressives. Syndicats et rassemblements sont interdits, grèves et émeutes sévèrement punies par une justice expéditive à la main des puissants. Le climat se tend encore lorsque éclate la guerre contre la France, prélevant son lot de conscrits de force – la moitié des effectifs de la Royal Navy – et mettant à mal l’économie. La prise de pouvoir et les conquêtes territoriales de Napoléon Bonaparte, puis le retour de l’Aigle échappé de l’île d’Elbe, font désespérer l’Angleterre, quand, venant mettre fin à plus de deux décennies de guerre, la bataille de Waterloo donne définitivement la victoire aux Anglais.
Dans ce grand tumulte, hommes et femmes tentent de tracer leur chemin : c’est au travers de leurs destins chahutés, nous permettant de nous identifier à une poignée de personnages que leurs émotions, leurs peurs et leurs aspirations nous rendent proches par-delà les siècles, que Ken Follett nous fait vivre cette période de l’intérieur, en un récit si bien incarné que, puissamment saisi par les cruelles injustices sociales qui l’émaillent, l’on s’y investit avec passion de la première à la dernière de ses près de huit cents pages.
Après la relative déception du Crépuscule et l’aube, bien moins crédible quant à ses personnages et à son intrigue pourtant insérés dans un contexte historique tout aussi magistralement rendu, cet ultime épisode en forme de fresque sociale clôt la saga Kingsbridge en beauté, nous offrant une lecture aussi captivante qu’édifiante.
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