« Epa… Est-ce que tu veux bien me raconter ? Quand ils vous ont enlevés… Et le reste ? »

Au Mboasu, Epa, un jeune enfant soldat, est parvenu à s’enfuir de l’armée des rebelles. Recueilli et soigné par Ayané, il raconte son histoire qui fait écho aux déchirures du peuple africain victime de la traite négrière. Dans cette trilogie composée de L’Intérieur de la nuit, des Aubes écarlates et des Contours du jour qui vient, Léonora Miano livre une œuvre lyrique, politique, symbolique. Je suis absolument fan !
[...] Les Aubes écarlates est la suite de L’Intérieur de la nuit, son premier roman, et précède Contours du jour qui vient, publié en deuxième. Le plaisir est plus grand lorsqu’on a lu tous les livres (pas forcément dans l’ordre) mais ils se lisent indépendamment aussi.
À travers l’histoire d’un pays imaginaire, Léonora Miano donne à la fiction toute sa puissance évocatrice. La fiction est là pour extraire une part de vérité, pour tenter de comprendre comment la population peut laisser faire ou perpétrer elle-même des exactions, tout en donnant une incarnation des esprits des ancêtres. [...]
L’auteure raconte l’histoire des pays d’Afrique tourmentés par la traite négrière, un passé enfoui, masqué, qui empêche tout un peuple de se dépasser, de se donner un avenir. Il s’agit de connaître le passé, de nommer ses blessures pour avancer : « Nous devons retourner en nous-mêmes, tout lire de nous-mêmes, pour guérir, avancer3. » Les aubes, devenues « écarlates » à cause de tous les crimes commis, ne redeviendront d’or que si le peuple africain érige un monument en mémoire de ses ancêtres victimes de la traite négrière. Loin de réduire l’histoire de l’Afrique aux Africain-es, elle dit aussi que l’histoire de la traite négrière nous concerne toustes, car une telle violence perpétrée à l’échelle mondiale ne peut pas être laissée dans l’ombre. Elle cite Édouard Glissant : « Tant que l’on n’aura pas établi la réalité de cet immense cimetière qu’est l’Atlantique, il manquera quelque chose à l’imaginaire des humanités. »
C’est dit, je suis fan de son œuvre ! Léonora Miano a quelque chose de très spécial : elle parvient à faire des romans lyriques, politiques, symboliques. Je ne peux que vous inviter, une fois encore, à découvrir cette auteure dont je suis en train de lire tous les livres !


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le 17 févr. 2017

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