En relisant mes notes sur le premier tome des aventuriers de la mer, je me rends compte que je ressors de la lecture du second tome avec des impressions assez similaires.
Au-delà de la petite sensation de repas un peu trop garni après 1000 pages de fantasy, plusieurs choses m’ont un peu chagriné à la lecture de ce deuxième gros pavé des aventures d’Althéa et consorts. La première est la dimension “fantasy” de l’univers. Certes, l’histoire des aventuriers de la mer se déroule dans le même monde que celui de l’Assassin Royal, mais pour moi les dragons et autres créatures trop fantastiques sonnent faux ici. A chaque évocation du dragon ou de la cité des Anciens, je ne pouvais m’enlever cette impression d’éléments insérés aux chausse-pied pour que le récit puisse rentrer dans la catégorie “fantasy classique”. Si l’existence des serpents de mer et des vivenefs semble couler de source dans cet univers, j’avoue avoir eu plus de mal avec l’omniprésence de ces “clichés fantasy” que sont les dragons.
L’autre écueil de ce deuxième volet est le même qui m’a chagriné à la lecture du premier : c’est son rythme “diesel”. Les 700 premières pages sont un peu trop pauvres en situations marquantes, et ne servent finalement que d’assise pour les rebondissements de fin de récit. Plusieurs chapitres ne sont finalement que d’interminables discussions entre personnages, n’apportant pas toujours beaucoup d’éléments passionnants au récit. Et si cette avalanche de dialogues permet tout de même de créer un certain dynamisme dans ce début un peu lent, je n’aurai pas craché sur un peu plus de description notamment.
Passé ces quelques défauts, il faut bien reconnaître un paquet de qualités à ce deuxième tome. Tout comme dans la première partie, l’équilibre entre les personnages est remarquable. Ni trop, ni trop peu, chacun trouve parfaitement sa place dans l’histoire, et on ne quitte jamais un personnage pour bien longtemps.
Et l’évolution de ces protagonistes est clairement la grande force de cette deuxième partie. Malta quitte son rôle de petite pimbêche pour évoluer vers une jeune adulte désillusionnée rappelant Sansa Stark de Game of Thrones, Vivacia se forge sa propre sa personnalité, Hiémain devient plus sombre tandis que Kennit continue de cultiver sa dimension de personnage gris jonglant entre gestes de tendresse et perfidie. Mention spéciale d’ailleurs à la relation entre ces deux derniers, notamment ce moment de “connexion spirituelle” très bien écrit au moment de l’amputation de Kennit. Et Alleluia, Kyle Havre, simple personnage moteur très uniforme du premier tome, est rapidement laissé de côté. Peut-être la meilleure idée de Robin Hobb que de lâcher le personnage le plus faible de la saga. Quelques personnages restent en deçà comme le Gouverneur, un peu trop bête et méchant, et celui de Brashen qui demeure toujours très fade selon moi, mais rien de bien méchant.
Ainsi, si je ne vais pas me jeter tout de suite sur l’épilogue de la saga, je reste assez curieux de connaître le destin de Hiémain, Malta, Althéa et Kennit, malgré mes certaines réserves sur ce tome.