C’est une expérience de lecture bien étrange que nous propose là Jacques Abeille. Unique en ce qui me concerne.
Si vous connaissez Jacques Abeille, c’est sans doute via son superbe premier roman, Les jardins statuaires. Car ce livre, pierre fondatrice de tout un monde de ce que l’on nomme communément fantasy, devenu culte, fait de mieux en mieux son chemin dans le cœur du public, notamment grâce au beau travail des ses éditeurs.
Ce que propose Abeille avec Les barbares n’est rien de moins d’une mise en abîme délicieuse. Je m’explique. Nous suivons un narrateur, universitaire érudit, spécialiste de la langue dans laquelle a été écrit le livre Les jardins statuaires, qui est arraché à son quotidien confortable et est plongé dans celui, hostile et nomade, des barbares. Cet homme, tout comme nous, ne connaît le pays des statues uniquement de par le livre qu’il a traduit. Cependant, au gré des rencontres et des récits, légendes et autres colportages, nous, le narrateur et le lecteur, nous rendons bien compte que le livre des jardins statuaires est en partie faux. Vient donc une longue odyssée qui, bien que gardant son propre intérêt, vient jeter un nouveau regard, pas toujours tendre, sur le livre que nous avons tant aimé, Les jardins statuaires.
Je m’arrête là, afin de ne pas dévoiler toutes les découvertes que le livre renferme au lecteur. Découvertes d’autant plus plaisantes qu’elles sont portées par la phrase si belle et léchée de Jacques Abeille.