J'ai découvert Murakami par le père d'une amie lorsque j'étais au collège. Je n'avais pas plus de treize ans lorsque j'ai entamé 'Les Bébés de la Consigne automatique', et dès lors ce bouquin m'a collé à la peau.

Hashi est Kiku sont deux orphelins qui ont échappé de justesse à la mort, abandonnés par leur mère dans des casiers de consigne. Les deux enfants grandissent ensemble dans le même orphelinat, s'attachent l'un à l'autre. Une famille accepte de les adopter tous deux; l'histoire aurait pu s'arrêter là, sur un superbe happy ending.
Commence alors une progressive descente aux enfers pour les deux protagonistes; si Hashi et Kiku survivent ensemble, leur séparation les conduit au désastre. Hashi, prostitué, connait la gloire en devenant un chanteur médiatisé par le drame de son enfance, mais sombre dans la folie pure, obsédé par ce Son qu'il ne parvient à reproduire; Kiku, lui, sera jeté en prison pour meurtre avant de trouver le remède à tous ses maux: la Datura, cette plante aux vertus mystérieuses dont il avait eu vent pendant son enfance.

Pas de lyrisme superflu ni de guimauve: malgré l'horreur des situations narrées, le style de l'auteur ne penche pas vers le pathos larmoyant. Pas besoin. La neutralité du ton ne tranche que davantage avec le désespoir et l'horreur du roman. C'est d'ailleurs ce coup de plume qui m'attire tant chez Murakami: dépeindre la hideur avec impartialité, sans superflu. Il n'y a pas d'espoir, aucune issue dans cette gigantesque consigne qu'est le monde; on aura beau crier, sauter et se débattre, il n'y a que ce Son impossible à reproduire, que ce Ciel que l'on ne peut rejoindre.

Tant et si bien que ça en devient beau.
Paula_Roïd
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le 26 avr. 2011

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Paula_Roïd

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