J'ai un problème avec ce nouveau roman de Françoise Bourdin. Les pages se tournent toute seule. Léa et Raphaël sont immédiatement attachants. Tristan, c'est tout l'inverse. Il est alcoolique, antipathique, fainéant. Les personnages sont donc grossièrement taillés (le frère protecteur, les deux adolescents bien élevés) mais leur histoire est belle.
C'est une constante chez Françoise Bourdin. Léa est une femme forte, travailleuse et romantique. Elle a des blessures intimes et espère pouvoir bénéficier d'une seconde chance dans la vie. En l’occurrence, là, ce serait une troisième chance vu qu'elle est mère de deux enfants de deux pères différents et que ce Raphaël ne la laisse pas indifférente.
En fait, les deux, pendant un bon moment s'ignorent. Ils ont des relations classiques de patron à employé et puis tout bascule. On ne sait pas trop pourquoi ni comment. Ce doit être ça la magie de l'amour.
Ça nous donne une seconde moitié de roman très à l'eau de rose où Raphaël et Léa jouent les collégiens à s'embrasser en cachette alors que, je le rappelle, ce sont des quadragénaires ayant déjà eu une première vie derrière eux. Léa s'est mariée à dix-neuf ans seulement. Elle a perdu son premier mari dans la foulée. J'ai eu de la pitié pour elle mais, en même temps, à force de ressasser son amour pour son défunt Martial, je me dis que ça n'a pas dû être totalement facile pour Tristan non plus.
Les enfants sont spectateurs du conflit entre leur mère et Tristan mais là aussi que de romantisme. L'aînée, Virginie, a beau n'avoir que la vingtaine (elle est encore étudiante), sa mère l'imagine déjà bientôt fonder une famille ! Je ne suis pas sûr que ce soit la priorité des jeunes d'aujourd'hui. Je les vois plutôt espérer réussir leurs études et trouver un travail en rapport avec ce qu'ils ont étudié.
Après, la dure réalité du quotidien de forestier est assez bien retranscrite. Travailler le bois est pénible, physique, et surtout il faut tenir le froid d'autant que les hivers là-bas dans le Jura ont l'air rigoureux et les routes mauvaises !
On retrouve également le goût de Françoise Bourdin pour les immenses bâtisses. La fameuse Battandière du titre. Une grande baraque devant coûter une fortune à chauffer l'hiver et un boulot de dingue à entretenir. Françoise Bourdin n'y voit que le côté rassurant de ces murs, les souvenirs qu'ils renferment, les réunions familiales pendant les fêtes avec des repas somptueux. Chacun son truc.