Ce que les mites ont laissé

C'est mon premier livre de Kate Morton, auteure que je ne connaissais pas, donc je n'avais aucun à priori avant de débuter la lecture. J'ai ouvert ce livre en "hommage" à une amie qui me l'avait conseillée. Voilà donc dans quel contexte, j'ai entamé ma lecture des Brumes de Riverton.

Je dois avouer que dès les premières minutes, j'ai été happé par cet univers, cette retranscription de l'Angleterre du début du XXe siècle et les débuts de Grace, la narratrice qui a aujourd'hui 90 ans, en tant que servante à la demeure de Riverton détenue par la famille Hartford. Le livre fourmille de détails, de personnages parfois un peu caricaturés, mais toujours attachant avec ces petits détails qui ne nous font pas douter une seconde qu'ils puissent avoir existé. Mention spéciale au trio d'enfants qui dès leur apparition arrive à se montrer touchant. On navigue à travers l'époque trouble, mais pleine d'espoir du début du XXe et avec lui, l'évolution des mœurs, de la société. Je me suis même senti nostalgique de cette époque, qui était pourtant présentée sans romantisme ou indulgence. Je n'ai pas vu passer les 600 premières page, attendant toujours fébrilement le moment où je pourrais me remettre à ma lecture.

Le style d'écriture n'est pas transcendant, mais il n'en demeure pas moins qu'il peine sans mal à nous transmettre l'ambiance générale et je n'ai aucun mal à imaginer toutes les scènes et à voir les personnages s'animer. (même si dans mon esprit, Hannah a toujours été imaginé brune) On peut même noter quelques envolées sur la perte de la mémoire, la nostalgie du passé et quelques dialogues subtils et qui font mouche. Pour un premier livre, qui a pu perdre avec la traduction, c'est plutôt très bon.

Il semblerait que j'ai tout aimé et pourtant, le livre n'ai pas réussi à décrocher la note de 10 ? Cela se tient principalement à l'intrigue centrale. Si toutes les petites intrigues annexes sont intéressantes, on ne peut que déplorer que la trame centrale "Le suicide de Robbie Hunter" et sa résolution soit si pauvre et convenu malgré le build-up qui a été effectué pendant tout le livre. Une autre révélation souffre également d'un build-up trop conséquent, pouvant être deviné presque dès les 200 premières pages, ne trouvent sa révélation que 300 pages plus tard.

Mais pour étayer mon propos, je suis dans l'obligation de Spoiler la fin :

Fin Spoiler

Le livre souffre donc de cet aspect dramatique, peut être trop poussé (j'avais arrêté la série Downtown Abbey pour les mêmes raisons.) " donnant un goût amer-amer à l'ouvrage à partir de la moitié du livre. Les drames ne me dérangent pas, mais un livre centré sur une succession de drame peut se montrer étouffant et au final amener le lecteur à se détacher complétement du dénouement.

Au final, c'est un bon livre, très bon même si on se concentre sur l'aspect reconstitution historique, les interactions entre les personnages et leurs évolutions dans ce monde soumis au changement, qui aurait pu être proche de la perfection et j'aurais tant aimé qu'il le soit.