Cette critique a été écrite une fois l'intégralité de la série visionnée, elle ne spoil toutefois aucun élément de l'intrigue.
Avant propos : Tout d'abord, je ne m'attarderais pas dans cette critique à traiter objectivement la série en décomposant point par point réalisation, bande son, etc. Car je trouve cette mode de rechercher et faire prévaloir l'objectivité, ridicule. Je juge une série sur sa manière de faire réfléchir, ressentir, apprendre et surtout sur le message qu'elle peut apporter. Décomposer une œuvre en plusieurs sous-segments, les noter pour ensuite ressortir une impression globale me semble aussi factice que de noter des pièces d'un puzzle individuellement pour pouvoir avoir une impression sur l'image qu'elles représentent mise ensemble. Bref, trêve de bavardage, intéressons-nous à la série.
Person of Interest est une série qui nous raconte l'histoire de Harold Finch, un milliardaire reclus qui reçoit chaque jour le numéro de sécurité sociale d'une personne qui sera implique dans un crime violent, étant soit la victime, soit le bourreau. Incapable de pouvoir gérer l'afflux de numéro, il va contacter John Reese, un ancien agent de la CIA afin de l'aider dans sa quête. De nombreux personnages viendront se greffer petit à petit à notre duo. Au fil des épisodes, des informations, nous serons fournis sur l'origine des numéros, le background général de la ville et sur la petite équipe de héros.
La série n'est pas exempte de défaut : on peut lui reprocher un rythme trop lent et des situations convenues presque procédurales dans ses premières saisons (un peu à la manière des séries type "Expert"), des personnes archétypes et un fil rouge peut-être parfois trop fin.
Ces défauts, bien que présent n'ont toutefois jamais réussi à gâcher l'enthousiasme que j'éprouvais a regarder les épisodes, tout simplement parce que derrière ce puzzle un peu terne, écaillé se cache une œuvre profonde.
L'une des qualités que j'ai appréciée, c'est la construction empirique de la série. Au fil des épisodes, on peut voir les intrigues s'améliorer, le background s'étoffer et les dialogues devenir vraiment poignant. On sent clairement que les réalisateurs ne savaient pas quelle tournure la série allait prendre, mais avec les bases solides et classiques de la première saison, ils ont réussi à construire un véritable monument tout en restant cohérent.
Cependant, la qualité principale de la série, c'est son intelligence basée selon moi sur deux points. Person of Interest est une série éducative, mais pas dans le sens enfantin ou édulcoré, non, c'est l'une des rares séries que j'ai vu réussir le pari de combiner :
un contenu visible par le tout public. Donc exit toutes les scènes de culs (les relations entre les personnages vont bien au-delà du simple contact physique et honnêtement, merci pour ça), violences et tortures (Bon ok, des gens se font tirer dessus, mais rien de plus choquant que les images du JT. Et même si ces thèmes sont abordés, ils se passent hors caméra). Éléments qui sont devenus omniprésente dans une grande partie des productions comme un gage de série "mature".
Un contexte mature. Ici pas question de rendre le monde plus beau et plus gentil, ni de tomber dans le manichéisme (malgré ce que le début de la série pouvait laisser présager). Le monde est violent, cruel, égoïste, mais Person of Interest fait le choix de ne pas montrer cela par l'image, mais par les émotions, les questionnements des personnages. Donc au final, au lieu de se contenter de te balancer des images choquantes pour te montrer à quel point le monde craint, la série préfère te laisser faire toi-même le lien et en tirer les conclusions.
Et c'est justement ce dernier point que je trouve vraiment captivant dans Person of Interest : la série vous laisse avoir votre propre réflexion, ton propre avis sur ce qui se passe, aucune position n'est clairement défendue ou défendable et il appartient au spectateur seul de regarder les évènements selon son propre code moral.
La série dispose évidemment d'autres qualités, mais je ne vais pas les énumérer ici.
Finalement, là où une série comme Breaking Bad serait pour moi une toile de maître, d'une grande maîtrise technique de réalisation, de construction, etc., Person of Interest apparait davantage une oeuvre d'art abstraite qui n'est clairement pas celle que vous avez envie d'avoir dans votre salon au premier coup d'oeil, mais plus vous la regardez, plus vous réfléchissez à son sens, à sa représentation et plus vous commencez à ressentir un attachement profond pour elle. Et après tout, ce n'est pas si mal.