Bienvenue dans la dèche, la vraie, avec pain sec et thé clair matin midi et soir, chaussures trouées, œuvres de bienfaisance et papa qui picole.
Quand on lit ce roman, on a du mal à imaginer que c'est autobiographique, et que l'auteur a survécu à cette enfance si pauvre, aux maladies, et au chagrin. Fils aîné de la famille McCourt, contrainte de rentrer des Etats-Unis à son Irlande natale pour cause de... dèche (papa boit l'allocation chômage une semaine sur deux...), Frank raconte son enfance, de ses 3 ans à ses presque vingt ans... Ses frères, les deuils, le retour en Irlande, les parents (Angela, mère catastrophe et solaire à la fois et Malachy, père fantasque et alcoolique, mais bourré d'amour...), ses maladies, les combines pour arriver à joindre les deux bouts... Le tout dans les années 30 et 40.
Du glauque, bien sûr (comment vit-on en mangeant du pain sec tout les jours et en n'ayant qu'une chemise pour trois ?), mais jamais rien de larmoyant. Au contraire, on est bien forcé de sourire quand toute la famille part vivre en "Italie" (c'est-à-dire sous les toits, car l'hiver le rez-de-chaussée est inondé !). Les réflexions innocentes de Frank qui découvre le monde sont d'un optimisme bouleversant, et on s'attache à ce petit monde de guingois mais plein d'amour.
Seule la fin m'a un peu déçue, le personnage de Frank devenant adulte ne correspond pas à l'idéal que je m'en faisais, et comme les liens familiaux se font plus lâches, on perd de ce charme qui tenait le roman.
Néanmoins, une lecture marquante, pleine d'humanité.