Parfois, je me mettrais bien des baffes ! Je ne compte plus le nombre d'années pendant lesquelles ce roman a patienté dans ma PAL et c'est grâce à une lecture commune qu'il a enfin été tiré de son profond sommeil. Se faisant, il a aussi éveillé en moi, dès ses premières pages, un intérêt croissant. Ce que j'imaginais à tort être un récit de guerre dans lequel je redoutais de m'engager s'est révélé un superbe roman riches en émotions. A chaque page, je me répétais : "Quelle sottise de ne pas l'avoir lu avant !".
Amir est pachtoune et son père, Baba, compte parmi les plus riches sunnites de Kaboul, capitale de l’Afghanistan ; Hassan est hazara - ethnie chiite - et son père, Ali, est le serviteur de Baba. Amir et Hassan sont frères de lait et grandissent ensemble, à l'instar de leurs pères unis par une amitié et un dévouement profonds. En 1975, Amir et Hassan ont une douzaine d'années et leur plus grand plaisir est de participer aux combats de cerfs-volants.
Soudain confrontés à la violence de leur environnement et à la laideur de l'envie et de la convoitise, l'univers de leur enfance, jusqu'alors fait de jeux et de contes, vole en éclats. La politique puis la guerre changent à jamais leurs existences et les séparent en laissant entre eux un espace infini de regrets, de remords et de secrets honteux.
A travers ce roman intense et véritablement poignant, servi par une plume magnifique et très évocatrice, Khaled Hosseini offre au lecteur un spectacle à la fois lumineux et noir, très noir ; reflet d'une époque plus que troublée pour l'Afghanistan dont la ruine entraînera bien plus que la chute d'une civilisation et de ses traditions, mais aussi celle de l'innocence et de l'harmonie d'un peuple tout entier.
Avec des mots simples et un vocabulaire précis, l'auteur nous immerge complètement dans ce naufrage au risque de nous faire sombrer avec ses personnages. De Kaboul à Frisco en passant par Islamabad et Peshawar, c'est un voyage de près de trente ans ressemblant à une spirale infernale de violence et à l'issue duquel l'espoir et la rédemption semblent aussi fragiles que des cerfs-volants de papier colorés.