"Votre genre d'amour échoue, et fait des êtres sublimes. Le nôtre réussit et façonne des êtres banals. Votre amour est arrogant. Vous aimez au-dessus de vos moyens." (page 133)
Des personnages caricaturaux, des amours sans profondeur, une doigt d'érotisme bon teint, une once de morale moderne, de la sociologie de comptoir, le tout doit entrer au forceps au service d'une idée d'un soir: les chaînes de Markov peuvent-elles prévoir le futur d'un couple ?
Sans travail, le talent n'est qu'une sale manie disait le poète de Sète s'adressant à travers le temps à Noham Selcer, l'excellent technicien de la plume aux phrases sans âme, trop occupé de lui-même pour atteindre ce qui fait le cœur du roman : l'existence.
«Les processus markoviens dénués de points absorbants, fluctuant chaque jour, jamais immobiles, autrement dit les vies de liberté, sont trop instables, trop mouvants et trop douloureux pour être supportées bien longtemps." (page 139)
Quitte à se saisir d'une analogie scientifique, l'on aurait préféré un roman mettant en scène des personnages ballotés entre le destin écrit ou vécu, les chaînes de Markov versus l'incertitude quantique, le chaos créateur versus le déterminisme simplificateur, entre la liberté et la certitude...C’eut été trop de travail pour l’auteur et trop dérangeant pour le lectorat visé. Bref un livre pour les auditeurs de France-Inter et les lecteurs de Libération.
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