Disparu début 2022, Jean-Jacques Beineix n'aura pas pu (ou voulu ?) livrer un second tome de ses mémoires, car si la lecture de ce pavé, plus de 800 pages, est passionnante, elle laisse néanmoins un petit goût d'inachevé.
Car le livre raconte l'enfance et les débuts du réalisateur, notamment en tant qu'assistant de René Clément ou Claude Zidi dans les années 1970, mais en ce qui concerna sa carrière derrière la caméra, il ne parle que de Diva, La lune dans le caniveau ainsi que les débuts de la recherche de Betty dans 37°2 le matin. D'où cette frustration, ajoutée à cela que Beineix raconte en fin d'ouvrage ce à quoi on aurait eu droit dans une suite, à savoir le triomphe de 37°2, Roselyne et les lions, IP5 ainsi que Mortel Transfert et ses documentaires, dont celui fameux consacré au Japon dans les années 1990.
Cela étant dit, son style est assez direct, appelant un chat un chat, et qui rappelle les soucis qu'il a eu dans ses films, aussi bien avec Serge Silberman sur Diva où ils ont failli en venir aux mains qu'avec l'état d'ébriété avancée de Gérard Depardieu sur La lune dans le caniveau. On voit aussi que c'était un séducteur, on ne compte plus les relations, certaines d'un soir, d'autres quasi épistolaires avec une Japonaise, pour au finir découvrir quelqu'un d'écorché, à fleur de peau, et qui en a bavé pour tourner des films le plus souvent anticonformistes.
Il faut se rappeler dans les années 1980 l'importance du cinéma de Beineix qu'on assimilait à tort comme de la publicité, et sans être fou de ce qu'il a fait, j'aime bien Diva ou 37°2. C'est pour cela qu'il est dommage qu'on n'en saura jamais plus par ce réalisateur.