Henning MANKELL, connu et apprécié pour ses romans policiers et son inspecteur Wallander est aussi une grosse pointure dans le domaine du roman social, que ce soit par ses analyses fines du monde de l'Afrique ou celles de la société des pays de la froide Baltique.
"Les chaussures italiennes" (Ed.: Points, n°P2559) est un bijou d'écriture. Dans un style qui donne à voir et à imaginer, un verbe qui dit l'essentiel et laisse résonner les silences, Mankell nous conte le parcours de Frederik Welin, ancien chirurgien devenu solitaire, bourru sur son île. Dans un inconfort austère rimant parfaitement avec le ratage apparent de son existence, il vit entre sa maison, l'appentis, le ponton et son trou dans la glace. Pour compagnie, il n'a que son vieux chien, un chat, une fourmilière et sa solitude amère, à peine perturbée par les seules visites de Jansson, son facteur hypocondriaque .
Mais tout bascule lors de l'arrivée sur sa glace de Harriet, son amour de jeunesse. Mourante, elle vient lui réclamer l'accomplissement d'une vieille promesse: aller jusqu'au lac dont il lui a tant parlé alors.
Et l'épopée commence. Traverser les paysages glacés s'avérera bien plus simple que de réemprunter les chemins d'une vie ancienne qu'il croyait sans surprise. Le retour vers son passé sera bouleversant. Il lui faudra apprendre à retisser des liens, à mettre des mots sur l'essentiel à partager et à "aller jusque là!" Pas plus loin, peut-être, mais jusque là.
A travers ce roman, ce sont les thèmes de la réussite professionnelle, du lien social, de la famille, de l'erreur et de sa réparation que Mankell aborde. L'histoire, pour le plaisir de lire, nous permet de nous laisser porter par la fiction... les silences du livre nous invitent à plonger dans nos propres relations aux autres, au monde et à nous-mêmes. Un très bon MANKELL!