« Il était une fois, dans un village reculé, une créature qu’on appelait le Géant de brume. Chaque nuit, lorsque la lune voilée par les nuages n’éclairait qu’à moitié, et que la brume humide léchait les maisons, il venait enlever les enfants qu’on ne revoyait jamais… »
Simon Duggan vient d’être arrêté. Assis dans son salon, les yeux dans le vide, le Géant de brume n’a montré aucune résistance quand la police est arrivée. Stan Mitchell attendait ce moment avec une impatience douloureuse. Molosse ne lâche rien.
En charge de l’affaire quand il a rejoint la DPD, puis mis de côté pour ses excès de violence et son goût prononcé pour la bouteille, il ne s’est jamais pardonné d’avoir laissé Duggan lui filer entre les doigts. Secondé par Sarah Berkhamp, il compte bien faire payer à ce malade les quinze années d’enfer qu’il vient de vivre. Mais il n’est pas au bout de ses peines.
C’est bien simple: Les chiens de Détroit est mon thriller de l’année.
J’ai été fascinée par la personnification de la ville, cette bouche béante engloutissant tout sur son passage, recrachant parfois quelques morceaux entre ses crocs jaunâtres. Les descriptions sont mélancoliques, magnifiques. Que dire des personnages? J’ai ressenti leur détresse, leur impuissance, leurs remords. Si Stan se dévoile facilement, Sarah garde sa part de mystère jusqu’à la fin. J’aurais voulu panser leurs plaies. J’ai aimé la grande gueule du capitaine Craig, l’intégrité de Mary. Les allers-retours entre 98 et 2013 ne vous perdent pas un instant, tout se met en place lentement, et sûrement. Jusqu’à l’apothéose.
J’ai du mal à imaginer qu’on puisse composer un tel texte, sans aucune fausse note. Ce roman est puissant, envoutant, aussi pénétrant que le vent que souffle Détroit. A vous glacer l’os. Il n’est pas seulement digne des grands: c’est un grand.