La pomme pourrie du panier
Et oui, un roman estampillé Honoré de Balzac ne fait pas forcement un chef d'oeuvre, ni même un bon livre.
C'est avec l'idée contraire en tête que j'ai acheté Les Chouans qui m'a entraîné (ou pas) au crépuscule du XVIIème siècle, alors que la république balbutiante fait face à la révolte royaliste vendéenne et bretonne.
"L'oeuvre" est faite d'un bouligiboulga de registres littéraires qui m'ont fait arrêter sa lecture. En effet, Balzac, précurseur du réalisme, écrit le livre au début de sa longue carrière ce qui situe sa rédaction à la fin de la période romantique. Ainsi le jeune auteur fais cohabiter des nobles exaltés, plein d'emphase, d'ambition et assoiffés d'absolu (archétypes du héros romantique) avec des paysans superstitieux, amoraux et galvanisés, dont le tableau est tout droit sortis de l’esthétique réaliste. Là où le mélange des mouvements littéraies se montre très efficace dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, il sonne ici faux et presque ridicule. Qu'importe, me direz-vous, l'anachronisme des personnages si l'intrigue est bien ficelée et passionnante ? Et bien il n'en est rien ! Le scénario est embrouillé (surtout au milieu), le statut des personnages, brumeux et l'action tant rocambolesque que non crédible.
Ne lisez pas Les chouans qui, à part quelques scènes réussis et un intérêt historique certain, ne fera que vous ennuyer et vous perdre.
On pardonne cependant à Balzac qui a laissé une oeuvre immense à la postérité. N'est-il donc pas normal qu'il y est une pomme pourrie dans ce grand panier qu'est La Comédie Humaine ?