Graziella, ce fameux bouquin dont tout le monde a entendu parler au moins une fois durant sa scolarité et que personne n'a lu. Il faut dire que le père Alphonse n'a pas vraiment la côte aujourd'hui et je soupçonne même certains d'entre vous d'avoir souhaité qu'il finisse au fond de son fameux lac. Mais trêve de plaisanteries, "Qui lit pô, sait pô" comme on dit chez moi.
En bref, Lamartine a d'abord publié cette courte histoire dans son ouvrage Les Confidences en 1849. Le titre est assez évocateur ; notre poète qui n'est plus tout jeune penche un peu du côté autobiographique. Graziella, c'est donc le récit romancé de la jeunesse de l'écrivain qui, à 20 ans, s'échappe de chez papa-maman pour aller en Italie (attention, ça devient funky). Si l'idée est d'abord d'aller se plonger dans le berceau de la culture européenne, le jeune homme et un de ses amis, soucieux de participer à la dure vie des classes inférieures (et aussi parce qu'ils aiment bien la mer) se lient avec un pêcheur de l'île de Procida. Les deux compères découvrent alors l'univers de ce vieil homme simple, sa vie quotidienne et sa famille (mais tout particulièrement sa petite-fille Graziella qui est super canon). On se rend alors compte que Lamartine était une sorte d'hipster avant l'heure : des mois de farniente avec des locaux italiens sur une île perdue mais paradisiaque de la Méditerranée où les principales occupations sont de cueillir des fruits, chercher l'eau au puits et se lire du Tacite à l'ombre des oliviers. Bref, on se croirait presque dans Les Bucoliques ou dans L’Île de la Tentation (c'est au choix).
Si ma boutade est lourde, elle a cependant un fond de vérité puisque le jeune homme est effectivement en proie aux tourments de l'amour. Les deux personnages mettent d'ailleurs un certain temps à s'avouer leurs sentiments (ce qui peut lasser), mais quand ils se libèrent enfin, le ton employé par l'auteur m'a paru très juste et semblé refléter une certaine image de la pureté et de la beauté, simple, sans chichi.
Mais finalement, le plus intéressant dans ce roman n'est pas l'histoire d'amour qui, de mon point de vue est peut-être un peu trop surfaite, "cliché", bref, déjà vue (coucou Bernardin de Saint-Pierre) mais bien la manière dont sont traités les thèmes du voyage et de la découverte. Au-delà de son initiation à l'amour, le poète part à l'aventure dans la région napolitaine et sa description de paysages pittoresques est délicieuse et nous ferait presque baver de jalousie. De plus, j'ai eu le sentiment que Lamartine parvenait particulièrement à conserver la forme de fraîcheur et de naïveté qui peut exister chez un jeune et cela nous permet d'adhérer totalement à cette atmosphère de légèreté présente dans tout le roman et qui nous fait presque regretter autant que le poète (dont l'oeuvre est truffée de références à ce souvenir transalpin) d'avoir quitté l'Italie lorsque l'on referme le livre.


PS :
-L'épisode de la tempête est mémorable
-Si on a aimé Graziella, on peut lire "La Tristesse" des Nouvelles Méditations Poétiques, qui est un des plus beaux poèmes du recueil
Mélété
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le 29 avr. 2013

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