Quand on pense à la nouvelle au XIXe siècle, c'est rarement Zola que l'on a en tête, mais bien plutôt Maupassant. Quand on pense à Zola, c'est bien les Rougon-Maquart qui nous viennent à l'esprit et non pas quelques écrits d'une quarantaine de pages. Rien de surprenant alors que les Coquillages de monsieur Chabre soient méconnus et pourtant quel petit plaisir pour l'amateur de Zola.
Monsieur Chabre, un riche bourgeois parisien de 45 ans épouse une belle et jeune épouse de 22 ans. Après trois ans de mariage, ils ne parviennent toujours pas à avoir d'enfant. Le médecin de monsieur Chabre lui conseille alors un régime à base de coquillages (huîtres, moules, et autres fruits de mer), et pour bien y parvenir, il invite son patient à partir, avec sa femme, au bord de mer.
Je ne vous raconte pas ce que le récit propose ensuite, préférant vous réserver la surprise.
On retrouve tout à fait le style de Zola. Les descriptions typiques, les grands moments de beauté, les sous-entendus amusant le lecteur, la critique sociale. Ici c'est bien le petit bourgeois parisien qui est sans cesse moqué. Zola quitte totalement le registre pathétique pour celui de l'humour. Pour autant, on retrouve des scènes de baisers, des paroles, des lieux parfaitement peints et bien sûr des descriptions physiques, tout cela avec la plume inimitable de Zola.
C'est un grand moment de lecture dans le sens où Zola ne nous propose rien d'aussi profond ni intense que ses autres romans. Loin de la noirceur des Rougons, on a une nouvelle épurée de tout cela, ne proposant aucun ancrage émotionnelle mais simplement une histoire amusante peinte par le don et le travail de Zola.
Pour les amateurs de Zola c'est donc un plaisir incroyable de pouvoir jouir d'un si beau style de manière si vive et demandant si peu d'implication émotionnelle.