Après une enfance et une adolescence de baby doll à s’exhiber dans des concours de beauté pour faire plaisir à sa mère, Alice rompt avec sa famille et sa province pour tenter sa chance à Paris. Elle y rencontre Jean, et après dix ans de parfait amour où lui est née une fille, le couple décide de se marier. Peu après les noces, Alice disparaît sans laisser de traces, plongeant mari et fille dans le désarroi et l’incompréhension. Pourtant, l’explication du mystère pourrait bien s’avérer encore plus dévastatrice que l’ignorance…
Je referme ce livre avec un curieux sentiment d’ambivalence et de perplexité : d’abord peu enthousiasmée par un début en forme de romance assez banale, ensuite sceptique face à certains hasards totalement improbables et désarçonnée par une désinhibition qui n’hésite pas à enfreindre l’un des plus grands tabous pour donner dans le carrément scabreux, j’ai finalement été emportée et impressionnée par le brio avec lequel l’auteur réussit à se tirer d’un exercice on ne peut plus périlleux.
Malgré mes réticences de taille, la puissance de la tragédie qui n’épargne aucun des personnages, tous victimes d’un premier secret de famille que l’absence de mots fera enfanter d’un drame cette fois incommensurable, a fini par déclencher mes larmes, non pas à propos de cet amour impossible et de ce couple que j’ai vu avec incompréhension s’enferrer dans l’inextricable, mais en raison des répercussions sur la fille et le petit-fils.
Si l’on peut rester dubitatif quant aux réelles intentions de ce livre - sincèrement décomplexé, délibérément choquant, ou un tantinet pervers ? -, il faut reconnaître que l’auteur se tire de sa prise de risque avec talent : ce roman qui ne laissera personne indifférent se lit d’une traite malgré les immenses réserves qu’il soulève.
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