Un vaisseau explorateur d’une civilisation extraterrestre se pose sur Terre en 1345, aux portes d’un petit village du Lincolnshire en Angleterre. N’écoutant que son courage, Roger de Tourneville, seigneur normand de la ville d’Ansby, décide de passer à l’attaque. Pris d’assaut frontalement, les petits hommes bleus composant l’équipage ne font pas le poids contre des chevaliers en armures lourdes et des arbalétriers puissamment équipés. Le vaisseau sous contrôle, les Anglais (alors encore catholiques) décident de l’utiliser pour se transporter avec armes, bagages, famille et animaux domestiques directement en Palestine pour la croisade qu’ils préparaient. Mais l’extraterrestre rescapé chargé de les conduire à bon port les berne en les ramenant en mode automatique vers son monde d’origine, la planète Tharixan, à quelques années-lumière de là.
Bon.
Fort bien Messire.
Alors…
Les Croisés du Cosmos ressemblent à une grosse farce. On peut imaginer que le livre aurait pu être drôle. Il ne l’est pas, sauf à considérer que deux légers sourires en 250 pages suffisent. Si humour il y a, il est essentiellement grotesque : les situations, les personnages, les dialogues, les « rebondissements », l’intrigue (?), tout est grotesque. Il s’agit évidemment d’un parti pris, mais sans aucun décalage, second degré ou sens du délire à la Guide du Voyageur Galactique ou Sacré Graal. Il ne reste donc qu’une grosse bouffonnerie sans intérêt.
On a surtout l’impression d’assister à la mise en scène du fantasme d’un adolescent fasciné par le Moyen-Age et qui tente d’imaginer ses héros se lancer à la conquête de la galaxie. Car bien sûr, comment des races extraterrestres pilotant des vaisseaux spatiaux surarmés pourraient-ils faire le poids face à une bonne vieille charge de cavalerie, une volée d’archers et un bon coup d’épée sur ce qui leur tient lieu de crâne ? De plus, il est bien évident que l’organisation féodale est la plus adaptée pour diriger un empire galactique, ce que ces aliens imbéciles sont incapables de comprendre… Tout comme ils ne captent jamais que ces Anglais ne connaissent rien à la navigation spatiale, ne savent même pas que le Soleil est une étoile, ne savent rien de la science au-delà du point de fusion de l’acier, mais peu importe, morbleu ! Leur vaillance et leur sagacité viendront à bout de tous les obstacles, et surtout à bout de la patience du lecteur, pour sûr !
Les auteurs et les amateurs d’heroic fantasy sont éminemment respectables. Mais par pitié, merci de rester à cent bonnes coudées de la SF. Il ne faut jamais croiser les effluves. C’est mal.
Les Croisés du Cosmos a été adapté au cinéma. Si. Réalisateurs allemands, sortie directe en VHS en 1995, avec John « Gimli » Rhys-Davies. Et ce génie de Roland Emmerich comme producteur, ce qui laisse présager d’un grand raffinement. Le titre français du film est Les Croisés de l’Espace, nuance capitale donc. Le titre original est : Frikassee im Weltraum. Si, si. La Fricassée de l’Espace. Tant qu’à faire, allons-y carrément hein…
Poul Anderson : Les Croisés du Cosmos – 1960
Originalité : 3/5. Fort heureusement, on a rarement lu ça.
Lisibilité : 2/5. Ce livre est au Nom de la Rose ce que Roland Emmerich est à Martin Scorsese.
Diversité : 2/5. Le récit se poursuit et se termine comme il a commencé. Mal.
Modernité : 0/5. Sérieusement ?
Cohérence : 0/5. S’il vous plaît…
Moyenne : 2.8/10.
A conseiller à personne.
https://olidupsite.wordpress.com/2020/03/13/les-croises-du-cosmos-poul-anderson/