Un voyage poétique dans une Irlande de légendes

Si Les Dames à la licorne semble nous inviter dans un monde fantastique où le pur animal se balade majestueusement entre les arbres d’une forêt celtique, c’est en fait tout le contraire : l’histoire nous plonge dans le destin de Griselda et de ses soeurs, descendantes du roi Hugh O’Farran et de l’incarnation légendaire d’une licorne. A la fin du 19e siècle, les jeunes filles semblent prisonnières de l’île familiale de Saint-Albans, où elles ont toujours vécu. Elles aiment leur famille, leur île et leur pays, mais aspirent toutes à une autre vie qui les attend au-delà des murs de la maison et qui tarde à pointer le bout de son nez.


Avant de commencer à suivre la belle Griselda, magnifique jeune femme incarnant l’Irlande, ses légendes et sa nature, on voyage aux confins des temps jusqu’au jour fatidique où Hugh O’Farran rencontre l’amour de sa vie, une licorne incarnée en femme et qui lui donnera ses enfants. De ceux-ci descendront de nombreux autres qui peupleront l’Irlande. Par la suite, on découvre la naissance de l’île de Saint-Albans et l’arrivée de ses premiers occupants, dont le très apprécié Jonathan Greene. Si cette partie est développée sur une centaine de pages et semble une trop longue introduction à ce qui arrivera par la suite, je l’ai personnellement adorée car elle m’a fait planée dans l’ambiance légendaire de ces terres irlandaises qui m’ont toujours tant attirée.


De plus, avec un style d’écriture qui rappelle les contes et légendes tels qu’un conteur peut nous les raconter, on s’engouffre dans cet univers qui nous parait à la fois si fantastique mais aussi si réaliste. Tout au long du livre, ce style demeure, tapissant d’une espèce de brume cette histoire basée sur des faits réels. En effet, Olenka de Veer est la descendante d’Helen, l’une des soeurs de Griselda, et, comme elle l’explique à la fin du livre, elle a toujours été baignée dans cette histoire familiale.


Les Dames à la licorne, c’est avant tout une histoire d’amour entre les membres d’une famille, entre des hommes et leur terre, mais aussi entre un homme et une femme. J’ai voyagé en Irlande, je suis tombée amoureuse de l’île que j’aimerais moi aussi voir de mes propres yeux, et j’ai ressenti la belle nature changeante de ces terres de légendes. Amatrice des grandes étendues vertes et du ciel au bleu profond, j’ai adoré les nombreuses descriptions de l’environnement et les multiples métaphores liées à la nature. D’autre part, outre cet amour terrestre, on s’attache à chaque personnage et principalement à Jonathan Greene et à Griselda, sa petite-fille, dont on suit l’histoire. J’ai adoré le premier pour sa droiture, son ouverture d’esprit, sa bienveillance et son altruisme. Griselda, je l’ai aimée pour son caractère sauvage, sa pureté, sa liberté et son romantisme. On ressent fort l’amour et l’intérêt des auteurs pour ces deux personnages. J’aurais cependant aimé aussi découvrir plus en profondeur le caractère des autres soeurs car elles ont toutes des histoires intéressantes, tournées soit vers le mariage, soit vers la religion.


Avec ce roman, René Barjavel s’est illustré dans un style fort différent de celui que je lui connaissais avec La Nuit des temps et Ravage. Pourtant, j’ai ressenti dans ce livre comme dans les deux autres, cette passion pour la pureté, les histoires d’amour simples et pleine d’émotion et pour la nature. Grâce à cette lecture, je continue de penser que cet auteur avait un réel talent pour l’écriture et qu’il reste l’un des auteurs français les plus importants de son temps. Je continuerai à découvrir son oeuvre avec plaisir et je pense me lancer dans L’Enchanteur prochainement.


J’ai vraiment beaucoup aimé Les Dames à la licorne. Le style d’écriture m’a particulièrement plu car il faisait ressortir d’une excellente manière le côté légendaire de l’histoire. Des suites existent à ce livre, Les jours du monde, lui aussi co-écrits par les deux auteurs, et La troisième licorne, écrite uniquement par Olenka de Veer. Cependant, j’hésite encore à les lire au vu des critiques moyennes que j’ai lues sur Internet… Enfin, il vaut toujours mieux se faire son propre avis, donc il est tout à fait possible que je me lance dans leur lecture dans un futur proche.


--> https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2016/04/26/les-dames-a-la-licorne/

Meiyu
7
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le 7 mai 2016

Critique lue 473 fois

Meiyu

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