D'abord une écriture très enthousiasmante, dynamique, évocatrice, précise, imagée, à la fois simple et riche. Elle m'a tout de suite prise par la main pour m'embarquer dans l'histoire qu'elle voulait me raconter. Une histoire d'ailleurs, de voyages, de rencontres, de découvertes, une leçon presque, d'ouverture au monde et aux autres lointains, aux antipodes d'un quotidien centré sur ses propres préoccupations de l'instant.
S"agissant de Giraudeau et de ce que j'en connaissais, je savais qu'il me parlerait d'un ailleurs, mais je ne m'attendais pas à ce que son écriture me rende cet ailleurs, ces ailleurs plutôt, si accessibles et séduisants.
Les dames de nage, c'est initialement un joli terme nautique, l'encoche dans laquelle on glisse la rame pour pouvoir la manœuvrer et faire avancer son embarcation. Évidemment, Giraudeau le marin joue de ce terme pour invoquer les femmes. Mais à mon sens, il parle de femmes pour parler d'hommes, ses amis, ceux qu'il a croisé et lui-même. Il parle des femmes comme il parle de l'Afrique ou de l'Amérique du sud, comme un continent lointain désirable que des hommes aventureux veulent découvrir et explorer mais qui s'échappe sans cesse et garde son mystère (y compris sa voisine âgée avec qui il ne communique qu'au travers d'une fenêtre close, passage assez bouleversant qui montre qu'en étant un peu attentif, et surement plus facilement quand on a le charme de Giraudeau, les rencontres incroyables peuvent se faire dans la cour de son immeuble, ou encore ce jeune chilien qui tente désespérément d'entrer dans la peau d'une femme).
Pour l'anecdote, j'ai lu ce livre lors d'un séjour sur l’ile de la Réunion, alors que le mouvement des gilets jaunes y était à son paroxysme et que les barrages nous bloquaient à notre gite dans les Hauts de Saint-Paul. Ce livre était dans la petite bibliothèque du gite et, faute de mieux, je me suis résolu à l'entamer pour passer le temps. Ce concours de circonstances finalement heureux m'a redonné envie de lire, mais pas chez moi, pas entre le boulot, les courses et le quotidien. Non, cet été, pour les vacances, j'ai loué un gite dans une campagne perdue et j'ai décidé d'aller y passer du temps pour lire...