"L'orange de Noël" du même Michel Peyramaure est un roman que j'ai énormément apprécié (9 sur l'échelle de SC). Il possède une indéniable grande force en mettant en "scène" une jeune institutrice, Cécile, sortie de l'école normale en 1913 qui doit lutter contre la malveillance du curé du village et qui va sortir de l'ornière une jeune adolescente illettrée, Malvina, pour l'amener au fameux "certif". Il y a tout ce qu'on peut apprécier dans un roman à haute tension : de la fureur, de la haine, de l'amitié, de l'amour, de l'émotion …
"Les demoiselles des écoles" est en quelque sorte une suite basée sur les confidences et souvenirs laissés par Malvina au crépuscule de sa vie à Michel Peyramaure.
Déjà la forme, qui veut donner un aspect d'authenticité en alternant le style des confidences (roman puis journal) avec les relations d'amitié entre le romancier et "les deux hermines", me plait moyennement".
En principe, si j'ai bien compris, l'histoire est entièrement de la fiction même si elle s'inspire d'histoires vraies. Ce qui me parait bien normal. Mais je n'aime que très moyennement être distrait de ma lecture par des allers et retours à la vraie vie. Un roman est, pour moi, un univers où je plonge entièrement et n'en ressors (complètement mouillé) qu'au mot "fin". Entre la première phrase et le mot "fin", je dois vivre dans un autre monde. Donc être régulièrement tiré de "mon bain" par une remarque sarcastique et même sympathique d'un des protagonistes qui me ramène à la réalité, me casse (un peu) mon petit univers (et me fait prendre froid) …
Le roman, puisque c'est un roman, se lit très bien et est même intéressant. Moins prenant que "l'orange de Noël". Même si les affaires de Malvina ne restent pas toujours simples entre son amitié avec Cécile dont on comprend bien qu'elle est pure et chaste, ses débuts à l'amour avec Fabien et ses relations tendues avec la directrice de l'École Normale, on peut quand même considérer que ça roule, que le plus dur a été fait.
Ensuite il y a, dans le roman, une petite atmosphère un peu trouble voire légèrement érotique des tentations et amours saphiques entre condisciples … On sent bien que derrière les murs de cette école normale, les libido de ces jeunes filles sont tout-à-fait normales mais restent fortement encadrées et régimentées par la peur de la révocation …
Était-ce bien utile pour la bonne progression du roman ? Ma foi, pourquoi pas …
Au final, cette suite de "l'orange de Noël" reste intéressante car les personnages de Malvina et de Cécile sont très beaux. Mais je trouve, de mon point de vue, que le roman a un peu de mal à se situer et se trouve en retrait par rapport au premier opus.
J'en viens même à me demander si cette suite s'imposait et si oui, si le choix du romancier de construire son roman autour de la seule première année d'École Normale était vraiment judicieux.