Une nouvelle aventure de Dexter nous arrive, tout chaud (c’est le cas de le dire) sur les traces d’une secte adoratrice de Moloch. Le souci, c’est que le Passager Noir a déserté, laissant Dexter désemparé. Et nous aussi, du coup, parce que l’auteur prend un parti prit assez radical qui en décevra plus d’un (moi y compris) : on apprend notamment que le Passager Noir serait en fait un rejeton de Moloch, un petit démon qui prend ici peur quand le grand démon original surgit. Considérer que Dexter, au fond, n’est qu’un individu lambda « simplement » possédé par ce démon est clairement décevant. L’idée que je me faisais du Passager Noir relevait nettement plus de la part obscure de la personnalité de tout à chacun, poussée ici à son paroxysme à cause du traumatisme vécut par notre héros. Soit une idée fort loin de tout concept surnaturel, qui plus est assez boiteux ici. D’où un déception qui gâche notre plaisir de lecture. L’idée d’un Dexter complètement démuni, très vulnérable et du coup assez terne met à terre le concept même de la série, et c’est carrément dommage. On se consolera avec Cody et Astor, qui deviennent de vrais petits monstres, et les déboires de Dexter face à l’organisation du mariage, ce qui amènera à une scène assez cocasse où la vision de son futur, au pied de l’autel, traumatise suffisamment Dexter pour amener le Passager Noir à revenir.
Tout cela, en somme, reste largement plus palpitant, original, prenant et drôle que la moyenne des polars, mais en deçà, clairement, des deux premiers volumes.