Etrange bouquin que ce roman ou la nemesis n'est pas tellement ce squale qui bouffe une fille nue mais plutôt le chercheur Hooper; l'outsider, le nouveau venu, le dangereux séducteur, l'étranger, l'humble, l'intrus, etc. Le rapport métaphorique se pratiquera sans peine pendant la lecture, et cette histoire qui est en fait une tragédie antique pourra en évoquer bien d'autres... Jaws c'est plutôt Poseidon et sa famille qui rencontre le sulfureux Dionysos. Au contraire d'un livre de gare comme certains béotiens tentent de le résumer dans son essence (ajoutons d'autre part que "Jaws" de Peter Benchley a été écrit avant le film de Spielberg, qui en est la simple adaptation et dont l'énorme succès au box-office n'est que la suite logique: le célèbre réalisateur a eue la tâche aisée, sa version étant beaucoup plus familiale que la base initiale de l'écrivain.)

De telle sorte qu'on pourrait en tirer une vraie étude psychologique de la vie d'une station balnéaire et de ses habitants: d'abord il y a le chef de la police d'Amity (Martin Brody), donc le cocu et mentor de "Jaws", et ensuite les protagonistes variés. Toutefois il n'existe que grâce à ce Zeus de circonstance, et il va sans dire que les multiples réflexions qu'il fait sur les estivants sont les noeuds gordiens du récit, on notera entre autre ces commentaires sur les chemises Lacoste, cet uniforme du riche estivant traditionnel d'Amity, ce que Brody n'est en rien. Jeune ado, il s'en paiera d'ailleurs une après des travaux pour de l'argent de poche, et la jettera de colère après l'indifférence que cet épisode fashion provoque ! Comment, pas lui ? Et pourquoi alors ?

Davantage donc que les méduses, les harpies de l'océan, les gorgones hystériques, les ploucs bobos simples d'esprit ou les monstres des B-movies, les personnages de "Jaws" ne sont que les habitants d'un singulier théâtre dont certains lignes sont suffisamment claires; on observe la qualité d'un arbre à ses fruits et non l'inverse. Car bien sûr, "Jaws" est un chef d'oeuvre puritain mais en même temps un peu plus que cela, sinon LE parfait scénario...




Quelques répliques mythiques




"Il y en a qui sont terriblement étroites."

"C'est un nègre ?"

"Il était à la fois le traître et celui qui était trahi, le menteur et sa dupe. (...) Il était une prostituée obligée de faire le trottoir contre son gré.

UN REQUIN MONSTRE TUE 2 PERSONNES SUR LA PLAGE D'AMITY

"Dans ses rêves, l'océan était hanté de créatures gluantes et féroces qui montaient des profondeurs pour dévorer les nageurs, des démons ricanants et grondants.
JohnSmith4
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le 10 avr. 2014

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Anti Human

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