Les joyaux resplendissent peut-être, mais les périls, eux, brillent de mille feux : certes, les Dômes de feu ne méritent certainement pas pareil éloge poétique, mais là est une manière de dire que les Eddings maintiennent brillamment le cap. Sans jamais transcender un fonds de commerce ayant fait ses preuves, ce premier volet d'une nouvelle trilogie est un petit plaisir à consommer sans modération… et tant pis pour ses faiblesses intrinsèques.
Ces dernières tombent sans surprise sous le sens : le voyage jusqu’à Mathérion tiendra davantage de la croisière tranquille que de l’âpre chemin semé d’embûches. Et, pourtant, l’intrigue ne manque pas une occasion de corser le périple de ses personnages : qu’il s’agisse d’un manoir ironiquement funeste ou d’une troupe de trolls peu avenants, le roman n’est en rien inactif. Non, le problème est finalement le même que lors de la précédente trilogie, le danger ne parvenant jamais à s’imposer.
Alors oui, tant pis : nous préférons en ce sens nous rabattre sur la plume malicieuse d’Eddings, toujours aussi enclin à faire de ses protagonistes des modèles de roublardise « classe », doués de langues toutes aussi bien pendues les unes que les autres. Encore une fois, cette incursion en Éosie ne déroge pas à la règle de la galerie bien fournie, mais sans pour autant se disperser à l'excès : mieux encore, les nouveaux venus sont des motifs de satisfaction double, ceux-ci accroissant les propensions délectables de l’œuvre tout en étendant son univers.
Sur ce dernier point, là est certainement le meilleur atout de Les Dômes de feu : passée la découverte de la partie occidentale du continent, place à celle orientale : une fenêtre vers d’autres peuples, coutumes et perspectives généreuses en découvertes de tout poil… et donc de mystères. À défaut de sueurs froides, le suspense installe aisément ses quartiers, Eddings usant à loisir des divers partis en action pour ébauche un complot inextricable : du moins pour le moment.
Bref, c’est un réel plaisir que de chevaucher de nouveau aux côtés d’Émouchet et ses compagnons d’armes : à défaut de joutes armées probantes, son penchant « verbal » et son contexte politico-religieux, bien entendu saupoudré d’une magie retorse, assurent une lecture aussi divertissante qu’alléchante quant à la suite des événements.