Si l'auteur de La Tombe des lucioles m'avait encore plus flingué dans le livre dont est tiré l'animé (je parle du Tombeau des Lucioles minou) à cause de sa cruauté, la lecture des Embaumeurs m'a en revanche largement refroidi.
Pourant l'idée de base était loin d'être dégueulasse ; se nourrissant de concepts du Grand Capital, une équipe de bras cassés - des héritiers de métiers divers liés à la Mort : un fils de fossoyeur, un chauffeur de fourgon mortuaire, un chirurgien vétéran de guerre et un préposé à l'état civil - décident de monter une entreprise de masques mortuaires pour rendre hommage aux morts.
Toutes les idées les plus saugrenues pour faire la promotion de leur boite y passent, de la location d'un hélico pour déposer une statue décorative pour foetus avortés à création d'une chaîne de télévision funéraire, de pots de vins distribués à des bonzes pour légitimer leurs actions, trafics en tous genres, ...
La société japonaise des 60's en prend plein sa poire. Ce qui sauve le fond du roman.
Mais c'est le traitement éditorial qui vient tout péter selon moi.
Pour ceux qui ont lu La Tombe des Lucioles ou qui ont vu le film, Nosaka s'est inspiré de sa vie, ce qui laisse croire qu'il vécu/vu des choses insupportables, qu'il a tenté de compenser en menant une vie borderline, subversive, toujours à la limite de l'acceptable en société. Par provocation ou autre on s'en fout un peu mais c'est son style, qui est selon moi très bien retransmis dans les titres qu'on peut trouver aux éditions Picquier.
Dans Les Embaumeurs, le traducteur donne une voix ... j'en sais rien minou, on dirait un mélange entre le titi parisien, l'argot désuet, le langage familier fabriqué avec un bâton de colle et trois coups de ciseaux ... et franchement ça détonne complètement dans cette atmosphère japonaise, même si l'intention était certainement de donner une dimension sociale aux protagonistes (complètement ratée pour le coup).
C'est hyper maladroit, ça vient niquer la compréhension du texte à certains moments et encore une fois, je pense pas que ce soit le ton qui rende le plus hommage à l'écriture de Nosaka.
C'est dommage. Y'avait vraiment de quoi se poiler ou s'offusquer.
Je peux comprendre le masochisme à aller jusqu'au bout de ce texte, moi j'te conseillerai de passer ton chemin et d'aller découvrir les autres romans de cet auteur dégueulasse (qui je ne sais pour quelle raison, arrive à faire en sorte que je passe au dessus de certaines de ses idées grâce à la sensibilité et la critique acerbe et contemporaine dont il est capable de délivrer).
On baille souvent, on comprend pas toujours de quoi parle les personnages, alors que la critique sociale en arrière plan est foutrement intéressante.
Taïaut !