Après la quadrilogie de Marie, Toussaint semble s’être lancé dans une nouvelle série autour de Jean, cadre à la Commission européenne. Son père était lui-même commissaire européen et ce fils travaille dans la prospective, il imagine le futur. Mais quid du passé ? « Jusqu’à quel point peut-on oublier quelque chose qui nous est arrivé ? » se demande-t-il.
Le texte va dès lors errer dans une chronologie brisée, seulement soumise à l’errance des pensées de Jean. Entre les attentats de Bruxelles en mars 2016 et le référendum sur le Brexit du 23 juin de la même année, entre son ex-épouse, l’aventure du moment et le prochain amour, sa jeunesse et la mort de son père. Seul le siège de la Commission, le Berlaymont, lieu central du roman, demeure comme le signe qu’il est encore des choses intangibles, même si ses travaux de réfection nous réservent une belle surprise.
Une fois encore, Toussaint joue avec le temps et comme dans tous ses romans, nous avons droit à l’épisode où tout ralentit, en tout cas la narration, qui va s’étaler sur plusieurs dizaines de pages pour raconter au ralenti un épisode trépidant. C’est toujours efficace et jouissif !