Il serait naïf de croire que les livres peuvent changer le monde et pourtant, parfois, ils contribuent à l'améliorer. C'est le cas de Les enfants du silence, de Gong Ji-young, paru en 2009 en Corée du Sud, dont le retentissement a été tel qu'il a permis qu'une loi soit votée afin de durcir les peines pour les auteurs d’agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés. L'affaire dont s'est inspirée l'écrivaine coréenne est d'un sordide inimaginable, celle du viol répété d'enfants sourds dans une école privée, au vu et au su de toute une ville corrompue par l'argent. Le livre est très documenté et ne lésine pas sur les détails les plus atroces, au risque d’écœurer le lecteur. Il est certain que la romancière aurait pu sinon édulcorer, du moins faire preuve de moins de précision clinique mais il est évident qu'au moment de l'écriture, qui a dû être pénible, elle était animée par une colère sourde que l'on comprend facilement, notamment à cause du procès inique qui s'en est suivi et de la quasi impunité des tortionnaires. Malgré tout, Gong Ji--Young ne réussit pas tout à fait à mélanger les éléments de fiction, et notamment à faire vivre son personnage principal, autour des faits avérés. Il en résulte un certain déséquilibre dans le roman qui ne saurait cependant pas occulter la réalité, transcrite avec une crudité glaçante, qui explique sans doute que le livre a mis plus de dix ans à être traduit en français.

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le 20 déc. 2020

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