J’ai été très déçue par Les Enfants du Temps, surtout après tout de la batte médiatique suivant Your Name et la présupposée relève — terme que je n’aime pas car malgré mon amour pour Miyazaki, il n’y a pas que lui sur la scène nippone. Les Enfants du Temps est avant tout construit comme un produit marketing qui cochent des cases sans chercher de l'originalité et sans savoir comment les articuler. On a le héros masculin typique du shojo, courageux mais pas macho, timide et sensible. On retrouve la jeune fille en fleur adeptes des longs silences, le patron de bar-mentor ultra-nonchalant pompé à mort sur Spike de Cowboy Bebop. Et puis la figure de la "grande sœur", l'assistante sympathique et volontaire, mais bien brave. On ajoute des répliques sur Hodaka-le-pervers (alors que trop pas). On y retrouve également le mélange entre monde moderne et tradition, rappel aux racines et au fantastique. Le seul personnage un tant soit peu bien écrit est le petit frère, qui malgré sa maturité dérangeante amène un ressort comique et de la fraîcheur.
Côté scénario, on s’arrête également au minimum syndical. Les 20 premières minutes cherchent à poser une ambiance et à exposer des thèmes qui seront laissé de côté dès que le héros entame un nouveau chapitre. Quand à l’aspect fantastique, le film entretient trop l’ambiguïté pour que ça fonctionne, et surtout, surtout, tout est mangé par la bluette amoureuse. Alors certes, je ne dois pas être le public. Mais ce n’est pas parce qu’on fait un film sur des adolescents qu’on est obligés d’être midinette.
Et j’ai attendu tout le film d’avoir une raison valide de fuguer que « je m’ennuyais sur mon île ». Hodaka n’a clairement pas une vie malheureuse, comme le montre la dernière séquence où il finit le lycée normalement.
Niveau réalisation et qualité de l’animation, je n’ai pas été impressionnée non plus. Les plus belles scènes sont celles dans le ciel, où celle dépeignant le Tokyo déprimant du début, et elles étaient toutes dans la bande-annonce. Le recours au travelling circulaire 3D donne des plans rarement justifié par le scénario (comme cette course dans l’escalier délabrée vu de plus en plus loin, avec un décor tout moche autour), et on se demande vraiment les intentions de réalisation - est-ce juste pour nous montrer que le studio savait faire ça ? Par ailleurs, je trouve l’animation assez décevant pour un film de cinéma, il y a de nombreux plans réutilisés dont plusieurs flashbacks inutiles. Et pour finir d’achever ma mauvaise impression, c’est la bande-son complètement déséquilibrée. C’est clair, je ne suis pas fan des clips shows avec un musique ultra-pop à fond; Mais je l’aurais pardonné si en dehors de ça la musique avait été plus travaillé que trois de piano, permettant ainsi une meilleure balance et ambiance à l’ensemble du film.
J’avais quand même accumulé plusieurs bonnes idées, déjà parce que j’ai bien aimé les quartiers de Tokyo montré et certains décors, l’idée de base de la prêtresse du temps. Mais le scénario ne se tient pas et vole trop bas, n’offre pas de réflexion plus vaste que « tu as le pouvoir de changer le temps, mais je t’aime alors partons ensemble et tant pis pour les milliers de gens qui mourront noyés ». Les Enfants du temps a pour moi le niveau d’un téléfilm moyen, et c’est bien décevant.