Anthony Passeron nous plonge dans les années 80, celles de l’apparition du sida. Il croise l’histoire de sa famille, dévastée par le virus et celle de la recherche médicale, attelée à le cerner et l’éradiquer. Il allie ainsi récit intime et récit collectif, en restituant toute une époque.
Il approche au plus près la solitude des malades, devenus des « ombres [d'eux-mêmes] », « des pestiférés » honteux et humiliés, suscitant rejet, méfiance, voire dégoût. En parallèle, il souligne celle des chercheurs face à une société qui considère le sida comme la « maladie des homosexuels ».
"A chacun son domaine : aux médecins la science, à ma famille le mensonge."
Nous entrons dans sa famille « englouti[e] dans le silence » et les non-dits. Pour rester debout et trouver le courage de se battre, le déni a été leur protection, leur armure.
Mais, quand on est enfant, comment dénouer les fils et y comprendre quelque chose quand "la toxicomanie [devient] "des bêtises", les cures de désintoxication "du repos", le sida "une maladie" et (...) [un] fils mort, "une étoile montée au ciel"" ?
Ce qui se tait, ce qui a besoin de passer par des euphémismes et des mythes familiaux, est terrifiant.
Au final, il reste l'odeur de la Javel, « le seul souvenir olfactif (..) de la maison [des] grands-parents. L'odeur du désespoir."
« Ce livre est l’ultime tentative que quelque chose subsiste.»