Paru lors de la précédente rentrée littéraire, ce roman récit autobiographique a reçu un beau succès, tant auprès du public que vis-à-vis du monde professionnel. Ce livre récompensé par de nombreux prix littéraires, j’ai enfin pu le découvrir et je n’ai pas été déçue, bien loin de là !
Alliant à la fois son histoire personnelle à celle de la découverte du virus du SIDA au début des années 1980, ce livre poignant sur la filiation conjugue le passé familial ébranlé par la maladie de l’oncle paternel, Désiré, aux recherches intenses médicales sur le VIH.
Au cours des années 80, dans des hôpitaux français et américains, des médecins et chercheurs découvrent une nouvelle maladie après l’observation, au départ, de quelques patients touchés – notamment – par des graves infections pulmonaires. Alors que la maladie ne semble infecter que des hommes, homosexuels, petit à petit, les patients sont aussi des femmes mais également des enfants.
En France, dans le Sud, des jeunes gens de bonne famille sont retrouvés, comme semblant endormis, dans de nombreux endroits mais également dans les rues… En vrai, évanouis en pleine journée, ce ne sont ni abrutis, ni assommés par une gueule de bois qu’ils sont mais bien retrouvés une aiguille plantée dans le bras. Il s’agit en réalité de cas d’overdose d’héroïne qui commence à faire des ravages dévastateurs, tant dans les grandes villes que dans des petits bourgs et villages isolés. Dotée d’un haut pouvoir addictif, cette drogue rend ses utilisateurs accros dès les premières consommations.
Né peu de temps avant le décès de son oncle, Désiré, l’auteur, Anthony Passeron, ne s’en souvient qu’à travers de vieilles photos ou films super8. Il décèdera – occulté par l’omerta familiale, d’une embolie pulmonaire, en 1987, à la suite de sa contamination au virus du SIDA, après un échange de seringues consommant lui-même de l’héroïne. Ne souhaitant pas être victime de l’opprobre sociétal à cause de ce membre de la famille, cette dernière a préféré taire les causes de sa maladie et ensuite de son décès.
Écrit d’une plume parfaitement maîtrisée, ce primo-bouquin intimiste est d’une lucidité et d’une justesse incroyables. Je me suis fortement attachée aux membres de cette famille qui, malgré leurs efforts conjugués afin d’aider cet oncle, n’ont pu qu’assister à son lent déclin.
Par l’évocation de la découverte de ce terrible qu’a été et est encore aujourd’hui le SIDA, j’ai pu en apprendre beaucoup et pense que cela pourrait être le cas de nombreux lecteurs. Alternant les chapitres personnels à des chapitres scientifiques, le roman est fascinant et envoûtant.
L’ayant en même temps lu qu’écouté, j’ai beaucoup apprécié la lecture faite par Loïc Corbery dont le timbre de voix agréable s’accordait parfaitement au récit. C’est totalement la voix que je me serais imaginée pour l’auteur contant lui-même son histoire. L’alliance des deux était donc irréprochable.
Bref, ce roman sera l’un de mes coups de cœur de l’année et j’attends avec impatience le prochain livre d’Anthony Passeron, qui j’espère, me transmettra autant d’émotions que celui-ci.