Bel exploit que celui que réalise R. Aron dans les étapes de la pensée sociologique. En quelques centaines de pages, faire un résumé synthétique et néanmoins précis d'une œuvre aussi pléthorique et souvent, à bien des égards, aride, était un défi de taille, qu'Aron relève avec brio.
Alors oui, comme il l'indique d'entrée de jeu, le livre est bien une galerie de portraits - sept pour être précis- d'auteurs qui sont chacun supposés avoir apporté leur pierre à l'édifice sociologique dans l'ordre suivant:
1ère période
- Montesquieu
- Auguste Comte
- Marx
- Tocqueville
2e période
- Durkheim
- Pareto
- Weber
Aron justifie ses choix pour Tocqueville et Montesquieu, le second par son oeuvre qu'il juge à la charnière de la philosophie politique et de la sociologie, le premier parce qu'il juge que ses observations sociales, sans avoir jamais prétendu faire oeuvre de sociologie, en ont la méthode et ont dégagé des traits généraux encore caractéristiques des sociétés contemporaines.
J'ai beaucoup apprécié les chapitres sur Comte et Pareto, dont les doctrines sociologiques m'étaient restées largement inconnues.
Mention spéciale pour son analyse de Marx également et des équivoques de son oeuvre, qui expliquent son phénoménal succès et ses interprétations divergentes.
Alors oui, l'ouvrage est dense et on a quelques jugements de valeurs ici et là de l'auteur, même si celui-ci est assez transparent sur ses préférences (Tocqueville, Montesquieu, Weber) et ceux qu'il apprécie moins (Durkheim) mais dans l'ensemble il faut reconnaître l'effort d'une synthèse équilibrée. En tous les cas, cela ne remet pas en cause un ouvrage remarquablement clair et qui s'interroge vraiment sur les oeuvres et auteurs qu'il expose. Je recommande.