Sous le nom de «Chroniques du club des sportsmen surréalistes», les exploits d’Engelbrecht ont vu le jour à la fin des années 1940, sous forme de feuilleton dans le magazine anglais Lilliput (qui eut parmi ses contributeurs Max Beerbohm, Mervyn Peake ou encore Arthur C. Clarke), avant d’être publiés comme roman en 1950.

«Rien ne pouvait décourager ce nain conquérant.»

Engelbrecht, boxeur surréaliste, nain héroïque et infatigable, relève n’importe quel défi sportif malgré sa petite taille, en compagnie de ses acolytes, dont son agent Lizard Bayliss, pathétique et toujours vaincu d’avance, Iddesleigh le mécène des sportsmen surréalistes, Chippy de Zoëte le tricheur, et le narrateur anonyme.

Les compétitions et distractions des sportsmen surréalistes sont absurdes, totalement déjantées et hilarantes, et agrémentées de piques qui égratignent les institutions et bon nombre de personnalités britanniques : Balltrap aux sorcières, combat de boxe contre une horloge comtoise de trois mètres zéro quatre, partie de golf dont le par est fixé à 818 181 coups, mais où «tout score sous le million est considéré comme sensationnel», bal de la chasse à l’homme, nuit au théâtre végétal ou à l’opéra canin, match de rugby interplanétaire contre les martiens, ou encore partie de pêche «dans le coude du canal derrière l’usine à gaz, juste à l’endroit où débouchent les égouts de la ville.»

«Chacun ne parlait que de la pêche que l'on pouvait espérer rapporter. Conformément à son habitude, l'Id, ce munificent mécène du sport surréaliste, avait contribué généreusement à empoisonner le canal et l'on s'attendait à des prises sensationnelles. Le bruit courait que le butin était un brochet géant des marécages du Norfolk, vieux de six cent ans, le même qui en 1448 avait arraché l'évêque d'Ely du dos de son mulet alors qu'il descendait le chemin de halage.»

Ballard adorait les exploits de ce nain qu’il trouvait tout simplement immanquables, et Moorcock a rédigé la postface de cet ouvrage paru en 2013 aux Editions Passage du Nord Ouest, avec des illustrations originales du magazine Lilliput.

So British et so irrésistible.

«Les festivités se prolongèrent longtemps dans le siècle. La dernière image que j’en garde, c’est celle d’Engelbrecht plongeant dans la coupe de l’amitié remplie de punch au rhum flambé. "Viens donc me rejoindre, dit-il alors qu’il nageait en rond, elle est merveilleusement bonne."»
MarianneL
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le 16 nov. 2013

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