Livre sur lequel je vais devoir plancher pour le bac l'année prochaine (et oui, Sens Critique aussi fait sa rentrée !), j'ai décidé de prendre de "l'avance" en lisant Les Faux-Monnayeurs, d'André Gide, livre réputé pour son nombre de personnages et qui m'avait paru assez ardu.
En le lisant, au cours d'une semaine de juillet à la météo catastrophique, j'ai découvert qu'il comportait en effet énormément de personnages, mais qu'il n'était pas ardu comme j'avais pu le penser. En réalité, il se lisait assez facilement, et je n'ai eu aucun mal à le terminer rapidement. Tout ça, parce que l'histoire est tellement déconcertante qu'elle en devient intrigante : elle entremêle plusieurs histoires, de la fuite de Bernard, à la relation entre Edouard et Olivier aux rapports entre Vincent, Lady Griffith et le comte de Passavant ... Si, au départ, j'ai eu besoin de faire une liste des personnages, de leurs rapports et de leur situation (je confondais Vincent et Edouard), le trio Edouard-Olivier-Bernard devient vite central et je me plaisais à lire leurs aventures et déambulations.
La narration est étrange : des extraits du journal d'Edouard entrecoupent le récit, fait d'analepses et d'ellipses, un chapitre entier sert à montrer le jugement de Gide envers ses personnages, le roman qu'écrit Edouard (dont on connaît les enjeux mais qui nous paraît assez flou) est en réalité appelé Les Faux-Monnayeurs et une grande mise en abyme se met en place, tacitement, entre le lecteur et le livre. Les personnages sont différents, du fougueux Bernard au timide Olivier, de l'écrivain maudit et stratosphérique Edouard, mais la "deuxième génération" des écoliers, avec Georges et Boris (entre autres) donnent au roman un dénouement qui m'a fait penser à La guerre des chocolats de Robert Cormier. Le style de Gide et la syntaxe sont assez complexes, mais il y réussit un pari très risqué quand on sait qu'il écrit ce roman avant l'avènement du Nouveau Roman : il y casse tous les codes du roman, bien avant Marguerite Duras ou Nathalie Sarraute, et entremêle étroitement fiction et réalité.
J'ai donc hâte de travailler sur ce livre toute l'année prochaine, car il y a tant de matière à exploiter qu'il en est une source intarissable d'analyse littéraire.