Un homme seul à sa fenêtre

« Les fiançailles de monsieur Hire » (1933) est le 23e roman (en 11 chapitres), écrit, à 30 ans, à Marsilly (Charente-Maritime), par Georges Simenon (1903-1989). C’est le 5e de ses « romans durs » (sans Maigret). Il a fait l’objet de 3 adaptations cinématographiques : « Panique » (1946) de Julien Duvivier (1896-1967) avec Michel Simon et Viviane Romance, « Barrio » (1947) du Hongrois naturalisé espagnol, Lasdilao Vajda (1906-1965) et « Monsieur Hire » (1989) de Patrice Lecomte avec Michel Blanc et Sandrine Bonnaire. L’histoire se déroule à Villejuif (Val-de-Marne), en hiver, où, il y a 15 jours, on a trouvé, dans un terrain vague, une femme morte (Léonide Pacha dite Lulu, prostituée, et dont le sac à main qui contenait 2000 F, a été volé), horriblement mutilée. Il est difficile de commenter objectivement le roman après avoir vu le film de Julien Duvivier qui est excellent et qui décrit une ambiance d’après-guerre, d’une grande noirceur, et absente, par définition, dans le roman écrit en 1933. Avec tout le respect que l’on doit au grand écrivain belge, son histoire est moins passionnante que le scénario du film (écrit par Julien Duvivier et Charles Spaak). Simenon concentre son récit sur Hire (décrit comme, non pas gros mais gras, au visage rond avec moustaches frisées), la concierge de l’immeuble où il habite, et Alice, rousse, servante du crémier et que Hire observe depuis sa fenêtre. Dans le roman, aucun n’est sympathique : Hire a été condamné à 6 mois de prison pour attentat à la pudeur et vit de magouilles (vente d’ouvrages pornographiques puis de colis censés rapporter de l’argent à ses destinataires) ; Alice est vénale, pratique la duplicité et joue de son physique auprès des hommes. Le passé de Hire n’explique pas vraiment son état psychologique (même s’il vit seul, fréquente les prostituées et se rend, régulièrement, au bowling où il est le meilleur joueur) et le fait qu’il tombe amoureux si vite d’Alice (contrairement au film).