Ce n'est guère commode de se retrouver dans la chronologie d'Erlendur. Là, il s'agit du premier roman d'Indridason, paru 1997 et donc, d'une certaine manière de la création du personnage d'Erlendur, même si par la suite, Indridason écrira des bouquins se déroulant à une époque antérieure de celle des fils de la poussière, époque à laquelle il est déjà commissaire. Alors que dans certains livres sortis bien après, il n'est que simple ilotier. Bon, vous l'aurez peut-être compris, celui-ci n'a été édité en France que très récemment, l'éditeur entendant manifestement bien profiter à fond du filon que représente la notoriété de l'auteur. Editeur qui a tout de même le bon goût de proposer au lecteur une chronologie Erlendur en fin de volume.


En fait, ce bouquin a quand même un peu tous les défauts d'une oeuvre de jeunesse. Même si Indridason exerce déjà en tant que scénariste depuis plusieurs années, il a à peu près trente cinq ans lorsqu'il se met à écrire des romans. Et on sent ici qu'il cherche encore son style, qu'il parviendra - on le sait - à trouver très rapidement. Mais, ici, si le scénario est très bon, l'écriture reste maladroite, parfois un peu brute. On y déjà retrouve tous les thèmes de prédilection de l'auteur, depuis la dénonciation de la cupidité de certains de ses compatriotes, souvent cachée derrière une façade de modernité, jusqu'à sa tendresse pour les personnages de loosers, victimes du déterminisme social. Ainsi bien entendu que son intérêt et sa connaissance érudite de l'histoire contemporaine islandaise. Mais leur traitement manque un peu de finesse.


Et, en outre, Indridason, même si on sent qu'il a envie, est encore à un peu à la peine s'agissant de rendre l'atmosphère noire et poignante qui imprègnera certains de ses bouquins suivants (Le femme en vert ou L'homme du lac). Et puis le personnage d'Erlendur reste encore à affiner; dans "Les fils de la poussière", c'est encore un gros bourrin de flic qui n'a pas du tout le côté méditatif qu'on lui connaitra par la suite. Par contre, il se fritte déjà avec son collègue Sigurdur Oli, symbole d'une Islande américanisée, à l'occasion d'une scène par ailleurs pas très bien placée dans le déroulement narratif. Reste que le scénario est solide et que ça se lit bien, malgré une fin qui tourne un peu au grand guignol.

Marcus31
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le 15 juin 2019

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Marcus31

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