Les gens dans l'enveloppe est un objet littéraire bien particulier : Mi roman, mi témoignage, entrecoupé d'une enquête et émaillé de chansons.
Au départ Isabelle Monnin achète sur Internet une enveloppe contenant un lot de photos de famille. Très intriguée, elle s'interroge sur l'histoire de ces photographies, au demeurant banales, insignifiantes une fois sorties de leur contexte familier. Comment se sont-elles retrouvées disponibles à la vente?
Son imagination de romancière-journaliste s'emballe : dans un premier temps, elle décide de donner corps à ces gens dans l'enveloppe en leurs inventant une vie. Par la suite, elle se lance à la recherche de ces êtres de papier dans l'espoir de confronter ses divagations à la réalité. Son ami le chanteur Alex Beaupain, emballé par cette aventure, finalisera ce projet fou en faisant chanter à ces gens des mélodies liées à leur histoire familiale (la vraie qu'on ne voit pas sur les photos).
Le roman en lui même se lit avec beaucoup de plaisir.
Dans la première partie, Isabelle Monnin se glisse avec délice dans la peau de ses personnages. Elle comble les vides des photos avec des parcours de vie crédibles portés par écriture à fleur de peau. L'enquête et les rencontres qui s'en suivent donnent au récit une dimension sociologique : ils révèlent à quel point la romancière a mis une part d'elle même dans ces récits de façon probablement inconsciente. Sa démarche s'en retrouve comme justifiée de façon imprévisible.
C'est une histoire bien singulière qu'il nous est donné de lire. Le concept est un peu fou. La réalité dépasse la fiction quand la romancière retrouve ces gens aux réactions inattendues. Cette confrontation révèle des coïncidences incroyables entre les inventions de la romancière et la réalité.
Lire "les gens dans l'enveloppe" , c'est se laisser embarquer dans une aventure humaine un peu dingue mais follement émouvante.